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 [*1456/05/27, Champagne] Un cas pour le moins épineux

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Mélissande
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MessageSujet: [*1456/05/27, Champagne] Un cas pour le moins épineux   [*1456/05/27, Champagne] Un cas pour le moins épineux Icon_minitimeLun 2 Juin - 19:25

Clémence.de.lEpine a écrit:
Rien. Il ne se passait rien, en ce moment. Et puis ? N’était-ce pas voulu, au fond ? Alors qu’il y a quelques semaines, quelques mois peut-être, elle déplorait sa solitude, la monotonie de son quotidien, voilà qu’aujourd’hui c’était justement ce qu’elle recherchait. La réclusion. L’oubli. Elle ne sortait plus, ne mangeait qu’à peine, mais dormait, dormait, se sentant lasse, si lasse... Etait-ce la lourdeur de son âme qui la rendait si terne ? Etait-ce la mélancolie, qui l’épuisait autant ? Elle n’aurait su dire, car elle n’y songeait même pas, se contentant de fermer les yeux le soir pour les rouvrir à midi, résignée à n’être qu’une enveloppe de chair qui devait se nourrir, boire et dormir, pour vivre. A quoi bon se poser trop de questions, c’était sans doute ça qui l’avait convaincue de se terrer dans la solitude. Maintenant, elle n’avait plus qu’à attendre que cela passe.

Elle n’était pas réellement malheureuse, non, même pas. On pouvait la plaindre, à la voir si pâle, et qui la connaissait aurait pu s’effrayer de la voir ainsi amaigrie. Mais elle ne pensait sincèrement pas qu’on put avoir quelque compassion pour elle. Elle ne riait ni ne souriait plus, elle picorait aux repas et ses mots se faisaient rares, en bref, elle n’était plus Clémence. La Clémence espiègle et gourmande, vive et attentive. Elle n’en était que l’ombre, et encore, une ombre possédait la silhouette de son modèle. Son ombre n’était sans doute même pas l’esquisse d’elle-même. Elle n’en avait cure. Elle se complaisait dans cette image négligée. Même si ce n’était pas tout à fait volontaire. En fait.

Toujours est-il qu’aujourd’hui Clémence avait décidé de bouleverser cet état apathique, impulsivement. Elle ne connaissait que trop bien ces élans frénétiques qui la prenaient, parfois, qu’elle tentait de réfréner, souvent. Mais là, elle n’avait pas de raison de passer outre cette brusque envie de prendre un peu l’air. De partir, seule, sans but, comme elle aimait encore à le faire avant. Il y avait si longtemps, lui semblait-il…

Alors elle avait fait seller sa monture et elle était partie, sans un mot, sans tenir compte de certains regards réprobateurs. Et voilà, maintenant elle se trouvait là, assise contre le tronc noueux d’un vieil orme –symbolique étrange, pour cet arbre synonyme de régénération, arbre à la croisée des temps, passé, présent et futur, arbre du rêve. La masse de ses cheveux bouclés reposait nonchalamment sur ses frêles épaules, son regard voilé fixant le ciel : elle était perdue dans ses songes, aussi vulnérable qu’un oisillon hors du nid.

Une cavalcade effrénée la tira de ses pensées, et elle tourna ses yeux clairs et insouciants vers le chemin, non loin, qui menait directement au château de la Motte. Bientôt, elle vit apparaître un cheval, monté par un homme, sans doute, au vu de la corpulence et des vêtements de la silhouette. Qui pouvait bien se trouver si empressé de se rendre au château ? Elle se leva, plus par réflexe que par curiosité, et, posant une main sur le tronc de l’orme comme pour y puiser quelque force, observa le cavalier ralentir lorsque enfin il la vit à son tour.
Iban Etchegorri a écrit:
Elle semblait frêle et maladive mais gardait néanmoins un remarquable maintien. Son visage pâle et émacié reflétait la mélancolie et une douloureuse solitude. Elle devait avoir été jolie, un peu plus jeune. La contenance impérieuse qu'elle tâchait de se donner alors qu'elle s'approchait de la route parvenait d'ailleurs à faire rejaillir un charme certain sur son masque de détresse. Son habillement et le fait qu'elle possédât un cheval trahissait son noble rang.

Iban tenta de se figurer la cause de cet apparent désarroi. Un mariage riche de bénéfice mais pauvre d'amour véritable ? Plausible: la jeune femme paraissait avoir atteint l'âge pour ce genre de chose bien que ses traits dussent la vieillir quelque peu. Sans doute le passage de l'heureuse insouciance enfantine aux réalités plus crues de la vie lui avait été difficile. "Une jeune beauté si vite fânée...les mariages font bien du gâchis..." pensa le Basque en l'observant s'approcher.


Il mit pied à terre et, tenant son cheval par la bride d'une main, il ôta son chapeau de l'autre pour la saluer révérencieusement.


"Mes hommages, Dame. Jean de Bastillac à vostre service." dit il avant de relever vers elle un visage souriant.
Clémence.de.lEpine a écrit:
Jean de Bastillac… Ce nom lui était tout à fait inconnu, tout comme le visage qui l’accompagnait. Une lueur d’intérêt passa dans ses yeux bleus et un bref instant ses traits reprirent l’éclat qu’elle dissimulait depuis quelques temps. C’était de la curiosité, qu’elle ressentait là, et cela lui fit battre le cœur un peu plus fort. Non : il n’était pas encore l’heure de sortir de cette douce torpeur qu’elle aimait à cultiver et qui la faisait se sentir en paix.

Elle eut un léger hochement de la tête, un salut neutre mais poli, nul besoin de trop en faire, et de toute façon elle n’en avait ni la force ni l’envie. C’est pourtant d’une voix ferme et claire, qui contrastait avec son allure chétive, qu’elle répondit à l’étranger.

Le bonjour, Messire. Elle lui sourit, d’un air absent, se demandant l’espace d’un instant si elle pouvait lui dévoiler son identité. Si elle ne courrait pas un risque, à trop en dire. Mais cette pensée ne la traversa que fugitivement et elle n’y accorda pas plus de crédit. C’était ainsi, elle refusait désormais de perdre son temps à tergiverser inutilement.

Clémence de l’Epine. Continua-t-elle d’un ton égal. Que faites-vous donc sur ces terres ?

Le timbre n’était pas accusateur, ni même véritablement interrogatif, c’était plutôt comme s’il s’agissait là d’une simple formalité à accomplir. Elle était la fille des Seigneurs de ces lieux et elle devait, à son avis, s'intéresser à ce genre d'intrusion pour le moins insolite.
Iban Etchegorri a écrit:
Le ton de la jeune femme était châtié et ferme : la fière Damoiselle de Villorceau faisait honneur à son rang, assurément...Une vraie Duchesse en puissance, pensa le Gascon non sans sourire intérieurement.

Clémence de l'Epine...Cela était toute fois fâcheux...Lui qui comptait sur l'absence du Duc et de son épouse pour pouvoir mener à son aise l'affaire qui l'avait conduit jusqu'ici, voila qu'il tombait sur sa fille. Tant pis, elle ne serait pas, pensait Iban, un bien grand obstacle à la réussite de ses projets. Ne laissant rien paraître de son étonnement, il lui répondit d'un ton affable:


"Vous me voyez charmé de faire céans une rencontre si heureuse, Dame. Je suis venu jusqu'à l'Epine pour y voir son Seigneur. Sa grasce vostre père est elle en son domaine ? j'ai grand besoin de m'entretenir avec elle d'affaires d'importance. "

A vrai dire, il connaissait déja la réponse à cette question purement formelle mais nécessaire pour ne pas éveiller les soupçons de la jeune femme. Il s'agissait à présent de gagner la confiance de cette aimable bien qu' imprévue rencontre.


Dernière édition par Mélissande le Sam 7 Juin - 12:40, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [*1456/05/27, Champagne] Un cas pour le moins épineux   [*1456/05/27, Champagne] Un cas pour le moins épineux Icon_minitimeLun 2 Juin - 19:27

Clémence.de.lEpine a écrit:
D’abord, il lui parut étrange que ce Jean de Bastillac ne se trouvât pas plus intrigué de sa présence ici. Elle était seule, cela se voyait, et plutôt loin du château, c’était une évidence. Pourtant, l’homme n’eut aucune réaction lorsqu’elle se présenta à son tour. Il aurait pu paraître surpris, curieux, ou même impressionné, cela s’était déjà vu. Mais non, il avait simplement redoublé de politesse et d’amabilité.

Clémence fronça les sourcils, lorsqu’elle comprit que c’était son père qu’il venait voir. N’importe qui savait que le Marquis ne se trouvait que rarement icelieu. Des affaires importantes ? Tiens donc… Et quoi, alors ? La demoiselle se trouvait face à un drôle de dilemme. D’un côté, son cœur s’emballait de curiosité devant tant de mystères. De l’autre côté, son âme restait sourde, hermétique, tentant de rester imperturbable. Elle n’avait pas à s’intéresser à cela. Qu’elle reste donc seule, drapée dans cet égoïsme orgueilleux qui lui permettait de tenir.

Mais… mais il parlait d’affaires importantes ! Connaissait-il son père ? Non, sans doute… Ne l’appelait-il pas « Sa Grasce » ? Son père n’était pas Duc. Ou si, il l’était, mais il était Marquis, aussi. Avant d’être Duc.


Vous ne trouverez aucun Marquis à l’Epine.
Elle se rendit compte, trop tard, qu’elle avait glissé dans ces simples paroles un écho douloureux. Un léger frisson la parcourut. Elle ne pourrait jamais se faire à son absence. A son inexistence ?

Votre Magnificence…
souffla-t-elle alors. On dit, « Votre Magnificence ». Mon père est Marquis.

Son cœur battait trop fort. Pourquoi était-il venu ? Il arrivait de nulle part, comme si… comme si on avait délibérément voulu l’éprouver dans sa lutte contre elle-même. Ah, cruelle Créature, Tu personnifies la tentation en l’habillant de mystère, Tu connais mon vice le plus vil…

Elle se perdait.

Un regard bleu vif plongé dans un regard sombre.


Vous pouvez me parler, à moi. Je pourrais vous aider.

Elle ne cherchait même pas à être subtile. Elle n’en avait pas la force.
Iban Etchegorri a écrit:
"On dit votre Magnificence". "Bougre de sottard" pensa le Basque sans broncher pour autant. Il se maudissait mille fois de s'être montré si ignorant quant à l'étiquette. Encore quelques erreurs de ce genre et la fille de l'Epine se rendrait compte de l'imposture Bastillac.

"En effet Damoiselle, je bats ma coulpe... La fatigue me fait oublier l'étiquette.."
murmura-t-il

Il l'écouta attentivement. Les paroles de la jeune femme trahissait son état d'âme. Elle était à n'en point douter une de ces jeunes nobles à la tête pétrie d'épopée courtoises et chevaleresques, aspirant à une vie mouvementée de batailles et de grands espaces et se sachant pourtant destinés à l'existence confinée et étouffante des cours et des salons. Son ton était empreint d'une mélancolie toute féminine que le Basque se réjouissait d'entendre: à coup sur, son arrivée à l'improviste ne devait pas être sans effet sur la fragile adolescente.


"La bonté dont vostre personne fait preuve à mon égard m'honore, Damoiselle. Cependant, sans vouloir vous offenser d'aucune façon, je souhaiterai délivrer les nouvelles que j'ai pour lui à vostre père uniquement."
répondit Iban tout en feignant d'être contrarié "En vérité, l'absence du Marquis m'ennuie fort...Je fais route vers le Béarn et risque de ne point repasser par la Champagne de si tôt..."

Iban fit un instant mine de réfléchir profondément au moyen de résoudre cette épineuse déconvenue...


Il conclut finalement:
"Le soleil décline déja, il est trop tard pour que je reprenne la route à présent: je vais rester ici un jour de plus en espérant qu'il revienne demain...dans le cas contraire je m'en retournerai vers le Sud."

Il fixa son regard sur les prunelles bleues de la jeune femme. Le Gascon espérait secrètement qu'elle lui offrirait l'hospitalité : cela lui éviterait de devoir faire trop d'acrobaties et de témérités pour parvenir à l'intérieur du château. Il lança à la damoiselle un de ces sourires équivoques dont il maîtrisait si bien l'art...Te laisseras tu prendre au piège, jeune fleur qui espérait le printemps ?
Clémence.de.lEpine a écrit:
Si Clémence n’avait pas si bien appris à entretenir cet état d’indifférence et d’insouciance elle aurait sans doute éclaté de rire. Ah, elle se prenait à le trouver drôle, celui-là, ç’en était même navrant. N’était-elle pas censée rester inperméable à tous sentiments, aussi inoffensifs soient-ils ?

Certes, elle n’était plus la même depuis quelques semaines. Certes, elle avait perdu une bonne partie de ce qui faisait autrefois son caractère. Mais il lui restait cependant cette profonde méfiance envers les hommes qu’elle alimentait chaque jour un peu plus.

Elle l’écouta, presque amusée, se battre pour la gagner à sa cause. Cause perdue… songea-t-elle, ses défenses résolument dressées. Lorsqu’il lui parla de la chute du soleil, elle glissa un regard nonchalant vers le ciel et haussa un sourcil perplexe. Quelle audace, vraiment. C’était à peine croyable. S’il croyait pouvoir la duper ainsi… Oh, ils allaient s’amuser tous les deux. Tant pis pour ses résolutions. Le bougre avait réussi à lui redonner un peu d’entrain. Mais c’est qu’elle n’aimait pas vraiment qu’on se moque d’elle. Ni qu’on refuse à lui dévoiler toute la vérité. Il n’avait pas vraiment l’air d’être au fait : il parlait à une damoiselle de très bonne naissance, éduquée et pas trop sotte. Elle n’était pas une vulgaire fille de ferme qui pouvait croire n’importe quel boniment et que l’on pouvait aisément tromper. Et son sang commençait à bouillir : croyait-il vraiment avoir été subtil, lui ? Pensait-il réellement pouvoir la duper ? Qu’importe, elle découvrirait bien ce qu’il cachait.


Messire…Sans doute avez-vous dans l’idée de vous faire inviter au château… Elle le jaugea du regard. Toujours ses yeux fixés sur elle, d’une façon qui peut-être avait son effet sur d’autres femmes…Mais elle avait appris à rester de marbre face aux charmes du sexe opposé. Pour se préserver. Je n’ai pas la possibilité de vous offrir l’hospitalité, ce domaine appartient à mes parents, et je n’y ai aucun droit. Cependant…

Elle insista sur ce dernier mot, laissant sa phrase en suspens, en profitant pour s’égarer un instant dans de prétendues réflexions. Elle eut un soupir las.

Je n’ai pas le cœur à vous laisser dehors. Vous pourriez trouver une auberge au hameau, mais ce ne serait pas charitable de ma part de vous y envoyer, n’est-ce pas ? Vous logerez donc dans les parties communes. Mais en échange, tandis que nous chevauchons, ne pourriez-vous pas, s'il vous plaît, m’entretenir davantage sur ces mystérieuses raisons qui vous ont fait venir jusqu’ici ?

Elle attira sa jument près d’elle et fit signe à Jean, lui intimant par ce geste de l’aider à grimper en selle, en amazone, comme le voulait la bienséance.
Iban Etchegorri a écrit:
Iban qui pourtant avait appris à rester impassible devant bien des situations ne put réprimer une légère moue d'étonnement.

Elle paraissait avoir compris ses intentions, ses desseins et ses sourires. La clairvoyance de la jeune femme le remplissait en réalité d'une profonde stupéfaction. Quelle maturité en vérité ! Eut elle été une fille de joie, le Basque aurait trouvé normal une telle répartie : ces pauvrettes qui connaissaient l'amour et perdaient leur vertu trop tôt faisaient souvent preuve d'une perspicacité prématurée...mais cette jeune femme de noble lignage, qui devait avoir passé une enfance des plus dociles, lui parler avec tant d'assurance voila qui était peu commun ! Elle semblait avoir à peine l'âge du sortir de la niaiserie des amours enfantines que déja elle se méfiait de lui comme si elle eut connu tout de la gente masculine. Peut être était elle en réalité plus agée qu'elle ne paraissait...à moins qu'elle fût doté d'une intelligence hors norme et d'une maturité redoutablement précoce...

Il fallait surprendre


Le Basque se ressaisit et répondit alors en lui souriant:


" Pensez vous Dame ! Loin de moi l'idée de vouloir vous déranger sur vos terres. D'ailleurs, c'est bien trop d'honneur que vous me faites en me proposant de loger en vostre castel pour cette nuit. Non, vraiment, je vais me rendre à l'auberge du village. Vous ne me laisserez pas dehors, ne vous en faites point. Je n'en suis pas encore réduit à l'état de devoir vous demander charité. Pas encore du moins et plaise au Ciel que ce temps ne vienne pas de si tôt !"

Il l'aida à remonter en selle, puis se juchant lui aussi sur sa cavale, il s'apprêta à tourner bride en direction du village.
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MessageSujet: Re: [*1456/05/27, Champagne] Un cas pour le moins épineux   [*1456/05/27, Champagne] Un cas pour le moins épineux Icon_minitimeLun 2 Juin - 19:31

Clémence.de.lEpine a écrit:
Elle l’avait apparemment surpris : son visage avait pris une expression troublée. Seulement, elle se demandait bien pourquoi. Ses paroles ? S’était-elle trompée, finalement ? Peut-être n’avait-il aucune mauvaises pensées, en fait, peut-être n’avait-il même pas songer à se faire inviter au château ? Peut-être, oui. Mais peut-être pas. Elle avait eu l’habitude, durant son enfance, de manipuler gardes et domestiques afin qu’on lui laissât faire à peu près tout ce qu’elle voulait. Elle recourait, en ce temps, à des stratagèmes efficaces. Notamment celui dont s’était, selon elle, servi Jean de Bastillac à son égard : user de son charme, du miel de ses mots et paraître ainsi plus innocente qu’elle ne l’était vraiment. Dans le but d’obtenir ce qu’elle désirait. Cela va de soi.

Alors non. Elle ne se laisserait pas prendre au piège. Quitte à se tromper. Mieux valait être trop prudente que pas assez, dans le doute.

Sa réponse ne lui arracha pas l’ombre d’un sourire désolé. Pourtant, elle se sentit un peu déçue par son refus. Au castel de la Motte, elle se serait trouvée dans son territoire, elle aurait peut-être pu prendre l’avantage, elle aurait sans doute réussi à lui soutirer quelques informations. On aurait pu l’y aider…Mais il n’était pas question qu’elle insiste, n’était-elle pas Clémence de l’Epine ? Elle suggérait, elle enjoignait, mais elle ne suppliait pas.


Très bien, Messire. Faites donc comme il vous plaira. Vous ne pourrez néanmoins pas prétendre à un quelconque manque de courtoisie de ma part. Vous auriez sans doute été mieux installé au castel, mais soit. Cela est sans doute plus raisonnable, vous avez raison.
Toute trace d’intérêt avait déserté sa voix, et Clémence avait rajusté son masque indéchiffrable, déconcertante, par ce brusque revirement d’attitude.

Nos chemins se sépareront ici, alors. Peut-être nous reverrons-nous demain, si vous vous rendez au château. Dans le cas contraire, je vous souhaite bon vent.

Un dernier regard voilé en direction de l’étranger et la jument, sur l’ordre de sa cavalière, fit volte-face et partit au petit trot. Aucune envie de faire la route en sa compagnie. Il lui fallait réfléchir...

…il viendrait. Ses pas l’avaient mené jusqu’ici, il n’y avait pas de raison pour qu’il reparte sans s’arrêter au château. Et alors, elle tenterait de savoir ce qu’il voulait à son père. Parce que demain, non, le Marquis ne serait pas là, pour sûr…

Elle était arrivée la tête vide, elle s’en retournait pleine de questions. Ce n’était pas bon. Non, pas bon du tout. Qu’importe. Elle ne pouvait rester éternellement cette chose sans âme, même si cela lui faisait du bien.




Ah oui. Il faudrait qu’elle ait un entretien avec Fauchevent, en rentrant. Ce Jean ne lui inspirait définitivement pas confiance. Il était trop… affable. Souriant. Trop mystérieux.
Iban Etchegorri a écrit:
Tôt le lendemain, Iban, qui avait passé la nuit sur l'herbe humide avec pour seul toit le ciel étoilé, se rendit au château de l'Epine au grand galop. Le soleil se levait à peine et la nature était encore baignée d'une fraîche torpeur qui engourdissait faune et flore. Le château apparut enfin au sortir d'un bocage. Il avait fière allure et paraissait bien vaste. Iban devrait cependant trouver la salle où l'Epine entreposait ses archives diligentemment s'il ne voulait pas éveiller les soupçons de la jouvencelle et de ses serviteurs.

Le pont-levis était descendu et la herse relevée mais il y avait bien entendu des gardes en armure qui s'affairaient autour de la grand'porte. Iban arrêta son cheval sur le pont et hêla de la sorte le lancier qui le fixait d'un air méfiant:


"Je viens ici pour m'entretenir d'une affaire d'importance avec le maître des lieux. Qu'on lui fasse savoir que Jean de Bastillac est arrivé, il devrait être au courant de ma venue."
Rob le Garde a écrit:
Qui c’était que ce gars qui venait les déranger aussi tôt alors que le soleil venait à peine de se lever ? Y’avait plus personne qui rendait visite à la famille de l’Epine, au château. C’était comme qui dirait mort, ici. Y’avait rien à faire, et il s’en accommodait bien, lui, de cette petite vie tranquille qui consistait juste à observer niaisement les oiseaux qui volaient et de temps en temps, regarder si y’avait personne qui passait.

Et voilà que y’en avait un qui se ramenait, avec sa tête louche, parce que oui, il les connaissait, lui, les têtes louches. Et ben celui là il en avait une belle.

Qu’est ce qu’il voulait ? Voir le Seigneur ? Quand tout le monde savait qu’il n’était là qu’à l’occasion ? Bah ça, c’était donc le bougre que Fauchevent lui avait dit de garder à l’œil au cas où qu’il viendrait ? Et le bon, même, qu’il lui avait dit. Bastillac, moui ça devait être ce nom là. En tout cas, ça y ressemblait. Parait que la petite, là, qui mettait plus le nez dehors et qui décrochait plus un mot sauf pour demander un verre d’eau et un bout de pain, ben parait qu’elle avait parlé à Fauchevent hier, quand elle était rentrée de son petit tour à cheval. Toute seule, encore. Ah, il aurait donné cher pour savoir ce qu’elle avait bien pu lui raconter, au chef. Ça devait être important, pour qu’elle prenne la peine d’ouvrir la bouche. Mais c’est vrai qu’elle était revenue bizarre hier. Il n’y connaissait rien aux femmes, encore moins aux demoiselles, mais là, il l’avait trouvée pas pareille que d’habitude. Comme si elle se faisait du souci mais qu’en même temps elle était contente. Ouais, ça lui avait paru bizarre.


Bref. Y’avait l’autre qui attendait une réponse, sans doute. Il devait dire quoi, déjà ? Ah oui…


-Bonjour Messire. La bienvenue au château, hein ! Vous voulez voir le Monsieur de l’Epine ? Ouais ben on va voir si on peut le trouver. J’aurais bien aimé vous appeler l’intendant, mais bon on sait pas trop où il est en ce moment, c’est comme si tout le monde désertait la Motte. Sauf moi. Héhé. Moi je suis toujours là. Bon alors l’épée qui pendouille là, vous allez gentiment me la donner, je vais vous la garder au chaud, et au passage si vous avez autre chose qui pourrait couper ou faire mal, n’hésitez pas non plus. C’est que les gens qu’on connaît pas, on évite de les laisser se balader dans l’enceinte avec une arme.

-Donc je disais, comme y’a pas d’intendant, je vais vous appeler quelqu’un d’autre. Quelqu’un qui pourra vous aider mieux que moi. Moi je reste dehors, c’est mon rôle. Dedans, j’y connais rien.


Rob chuchota alors deux ou trois mots à son compagnon qui fila on ne sait où, non sans glisser au préalable un regard plein de sous entendus au visiteur.

-Allez hop, avancez dans la cour. N’oubliez pas l’épée.
Iban Etchegorri a écrit:
Le garde ne semblait pas franchement dégourdi. Il semblait franc et sympathique. Sa bonhommie amusait Iban. Il le soupçonnait même d' être plutôt poltron. A coup sur, cette andouille devait vivre sans tracasseries inutiles et sans souci qui demande trop de réflexion. Le Basque avait goûté parfois à des jours de vins doux et de filles, de plaisir et de rires, mais il ne parvenait à se libérer de cette perpétuelle tension qui le faisait osciller tantôt vers l'insouciance d'une vie simple et facile, tantot vers cette soif insatiable de puissance et de gloire. Le Lynx se prit à envier un instant le benêt d'homme. Les circonstances eussent elles été différentes, Iban aurait assurément fait preuve de plus de familiarité avec le brave lancier mais dans le cas présent il devait "jouer le noble".
Il fronça le sourcil et lança au garde un regard de mauvais augure.


"Voila qui est m'accueillir de façon bien peu prévenante que de vouloir m'ôter ma lame. Tu as bien de la chance que je ne sois point de méchante humeur, vilain drôle. Tiens voila mon épée"
, dit il dénouant son baudrier puis le donnant au garde, "Elle appartient aux Bastillac depuis des générations. Prends garde de ne point l'égarer, où il t'en cuira, sottard."

Alors sans même plus prêter attention au garde surpris et apeuré, Iban s'engouffra dans le castel.

La basse-cour était vide et les gardes de la porte ne prêtaient plus attention à sa présence, Clémence n'était pas encore arrivée : il était temps d'agir.
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Mélissande
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MessageSujet: Re: [*1456/05/27, Champagne] Un cas pour le moins épineux   [*1456/05/27, Champagne] Un cas pour le moins épineux Icon_minitimeLun 2 Juin - 19:31

Clémence.de.lEpine a écrit:
[La veille, au retour de Clémence]

-Il dit s’appeler Jean de Bastillac. Il a le verbe gracieux et le visage souriant. Il a les bonnes manières et le nom d’un jeune noble et il a demandé à voir le Seigneur mon père. Je veux que vous m’avertissiez s’il revient. Ne lui dites pas que le Marquis n’est pas là.
-Pourquoi ? répondit Fauchevent interloqué.
-Parce que… mais parce que, je vous dis qu’il a parlé d’une affaire importante !
-Et pis ? Si c’est important, faut bien qu’il sache que l’Marquis n’est pô là et qu’il s’en aille à sa r’cherche !
-Mais tout le monde sait que mon père est rarement au castel ! Pourquoi pas lui ? Vous êtes le chef de poste, vous êtes le garant de la sécurité de ces lieux.
-Ben oui. Donc si vous l’aimez pô, ce gars, autant qu’on lui dise que l’Marquis n’est pô là et comme ça, il s’en repart sans histoire !
-Non. Non, il faut savoir ce qu’il veut. S’impatienta Clémence. Que risquons-nous ? Soit ce Bastillac est innocent, et dans ce cas comme vous dites il s’en repart sans histoire une fois que nous avons essayé de lui soutirer quelques informations. Soit il cache quelque chose, et dans ce cas nous l’apprendrons. Voilà tout. Rien de plus simple.
-‘Scusez moi, M’selle, mais si on introduit un filou dans l’enceinte, ben si, on risque que’qu’chose. On risque que, par exemple, il nous glisse entre les pattes après avoir fait quelques filouteries ! Ou pire !
-Pour ça je vous fais confiance, Monsieur Fauchevent. Vous saurez le tenir à l’œil. Allons, vous n’avez qu’à avertir le reste de la garde. Je tiens à être prévenue de toute intrusion. Elle tourna alors les talons, satisfaite, espérant que le lendemain Jean de Bastillac serait au rendez-vous. Voilà qui allait pimenter un peu son quotidien.
-Vot’ pôvre mère, si elle savait, elle se ferait du mouron ! 'Scusez, sauf vot' respect, mais z'êtes vraiment trop curieuse, des fois. Et pis imprudente.Entendit-elle vaguement, alors qu’elle quittait la pièce. Elle haussa les épaules, insouciante.


[Le lendemain]


Il était là, campé fièrement au milieu de la cour. Elle connaissait ce regard. Elle avait eu le même. Observateur, scrutateur, à l’affût, comme si chaque chose avait son importance, comme si le fait d’omettre un seul détail pourrait tout changer. Malgré elle, Clémence sourit. L’attitude de cet homme faisait ressurgir des souvenirs qu’inconsciemment elle avait enfouis.

On l’avait prévenue de l’arrivée d’un certain Jean de Bastillac et elle s’était avancée jusqu’à une fenêtre, tout en haut, qui donnait sur la cour. Robin, le garde gauche et pas très futé du pont levis, avait normalement annoncé qu’on viendrait le chercher pour le mener à l’intérieur. Ce serait Clémence qui s’avancerait à sa rencontre. Mais avant, elle allait l’observer un peu, de loin. C’était la meilleure façon d’apprendre à mieux le connaître.

Elle avait l’impression d’être revenue quelques années en arrière. Quand son jeu, pendant les festivités auxquelles elle accompagnait ses parents, était de détailler les invités et de deviner qui ils étaient. Simplement en les regardant.
Iban Etchegorri a écrit:
Iban trouva sans trop de peine la bibliothèque. La majorité des lanciers se trouvaient dans les cours ou au corps de garde et il ne fut par conséquent pas inquiété alors qu'il déambulait dans le château. Suivant les instructions et le plan qui lui avaient été fournis, il parvint, après avoir traversé quelques couloirs, dans une salle vaste et richement décorée dont les murs étaient couverts de volumes et de paperasse. A la vue de tant d'ouvrages, le Basque en vint à se demander s'il arriverait à trouver le document qui l'intéressait.

Iban n'était pas venu de lui-même chez l'Epine. Il y avait été envoyé par des sommités de la Réforme, qui s'étaient établies à Genève et entendaient lutter contre le clergé romain et sa doctrine sur toute l'étendue du royaume de France. Ce n'était certes pas des considérations religieuses qui motivaient l'hérétique Gascon mais plutôt matérielles : les réformés payaient bien, argument suffisant pour qu'Iban qui manquait alors cruellement d'argent embrasse les nobles idéaux de la Réforme.

L'Epine était descendant d'Albret: il était de ce fait possible que certaines terres du Béarn nouvellement unifié lui reviennent de droit. La revendication de terres par un noble dont on savait l'attachement au Roy et à la Sainte Eglise dans ce jeune comté, qui représentait un terreau idéal pour enraciner et propager les idées réformées, ne pouvait être que préjudiciable aux dissidents. Ainsi, le Basque avait été envoyé à son domaine avec pour tâche de chercher le document qui attestait de la possession par l'Epine de fiefs en Béarn et s'il existait, de le détruire par le feu.

Le temps s'écoulait et Iban n'avait toujours rien trouvé. "La peste soit de ces gens qui ne savent ranger correctement leur paperasse" pensait il en renversant sur le sol contrats et papiers, en remuant traités et feuilles volantes. Il fallait à tout prix faire vite avant qu'on ne le retrouve ici. Peut être les Réformés s'étaient ils trompés après tout... le document n'existait peut être pas...De fines gouttes de sueur commençaient à perler le front du Basque qui désespérait à présent de trouver le maudit contrat. Seul et sans épée, il aurait bien du mal à se sortir de là s'il était découvert.

La porte grinça. Iban, alerte, se retourna brusquement et attendit silencieusement dans la pénombre.
Clémence.de.lEpine a écrit:
L’homme s’était dirigé vers l’entrée du castel avant même qu’elle ait pu descendre l’accueillir. A partir de ce moment, elle l’avait perdu de vue. Légèrement affolée, elle avait appelé sa camérière. On l’avait rapidement apprêtée de façon à ce qu’elle soit présentable, alors qu’elle sortait à peine du lit quand on l’avait prévenue de l’arrivée de Bastillac.

Clémence se hâta : avait-elle pu tomber juste ? Dans ce cas, voilà qu’elle avait lâché un rôdeur dans le château. Le Très-Haut seul savait ce qu’il était capable de faire... Etourdie par la précipitation, elle interrogea un garde qui escaladait un escalier dans sa direction et serra les dents. Ils n’avaient même pas été fichus de le surveiller correctement. On l’avait vu gagner les étages, puis il s’était soi disant envolé. Clémence avait beau lui expliquer qu’un homme de la stature de ce Jean ne pouvait pas se volatiliser de cette façon, le garde ne voulut rien entendre. Il avait disparu par quelque drôle de maléfice et à son avis, on ne le reverrait pas de sitôt.

Elle s’était alors dirigée vers le bureau de son père, toujours accompagnée de son vaillant et superstitieux garde du corps. Peut-être que Bastillac, impatient, avait voulu trouver lui-même le Marquis. Mais il n’était pas là. Et alors qu’elle refermait précautionneusement la porte de l’antre paternel, ayant la vague impression d’avoir violé un sanctuaire, une porte, un peu plus loin, grinça. Une porte entrouverte, par laquelle venait de disparaître… Frison ? Les portes de l’aile de l’étude étaient toujours fermées. Toujours. Clémence poussa le battant.

Elle intima au garde, d’un froncement de sourcil, de rester caché contre le mur à l’extérieur et elle se faufila dans la semi pénombre de la bibliothèque. Ses yeux mirent un instant à s’habituer à l’obscurité mais elle eut le temps de remarquer l’ouragan qui semblait avoir dévasté la pièce. Son cœur s’arrêta de battre, une seconde. Et elle releva les yeux.

La silhouette était incertaine. Cela pouvait être un pan de bibliothèque, qu’elle devinait dans l’ombre. Mais cela pouvait également être…

Monsieur de Bastillac…Sont-ce là les manières d’un gentilhomme ? Elle s’arrêta, tentant de percevoir une respiration, un souffle, un bruissement de vêtement. Il lui semblait que l’ombre n’était pas tout à fait statique. Mais peut être était-ce le fruit de son imagination.

Cherchiez-vous le Marquis ? Pensiez-vous qu’il pouvait être caché derrière ces quelques parchemins que vous avez jetés au sol ? Montrez-vous, Bastillac, n’attendez pas que l’on vous y force. Siffla-t-elle, dans sa colère de voir un tel lieu souillé par l’intrusion d’un vulgaire malfrat.

Un contact, au niveau de ses chevilles, la fit sursauter. Par Aristote… Ce n’était que le chat qui, rassuré par sa voix, venait lui témoigner son affection.
Iban Etchegorri a écrit:
Foutredieu ! Elle arrivait plus tôt qu'il ne l'avait prévu. Iban était à présent en bien mauvaise posture. Lentement il avança pas à pas en direction de la jeune femme. Le chat tigré dont les pupilles luisantes aux reflets inquisiteurs fixaient intensément le Gascon immobile, avançait silencieusement dans sa direction. Iban s'accroupit lentement et attendit que le chat soit à sa hauteur. Il caressa alors le dos soyeux du félin gracile tandis que ce dernier frottait son dos arqué contre les jambes du Basque.

Sous cette attitude silencieuse et apparemment détachée, Iban tentait de temporiser. En réalité, une foule de questions et d'idées se bousculaient dans le crâne du bretteur quant à la meilleur solution à choisir pour sortir du bourbier où il s'enlisait. Etait elle accompagnée ? Commet gagner la grand'porte ? et le document ? Tant de questions qui nécessitaient des réponses immédiates... De surcroit, plus il attendait dans l'ombre, plus il semblait à Iban que ses chances de s'en sortir s'amenuisaient.



Le Lynx bondit. Se jetant sur la jeune femme, il saisit son poignet d'une main ferme tandis qu'il s'emparait de la dague qu'il gardait caché dans sa botte de l'autre. Son visage jusqu'alors aimable était désormais inquiétant. Le ton de sa voix devint méprisant et froid comme l'acier. La menaçant de sa lame brillante, il murmura d'une voix rauque à l'oreille de la jouvencelle:


"Allons la belle, nous tenons tous les deux à rester en vie alors soit bien sage...Avance donc gentiment...tu sais ce qu'il te reste à dire à tes hommes si nous les croisons...il serait fort dommage d'abimer ta jolie gorge de pucelle."


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MessageSujet: Re: [*1456/05/27, Champagne] Un cas pour le moins épineux   [*1456/05/27, Champagne] Un cas pour le moins épineux Icon_minitimeLun 2 Juin - 19:32

Clémence.de.lEpine a écrit:
Il avait surgi de l’ombre quand elle ne s’y attendait pas. Oui, elle s’était méfiée de lui, avec ses manières trop courtoises et son visage trop aimable, oui elle venait de se rendre compte qu’il était bien celui qu’elle pensait en voyant la bibliothèque saccagée, mais non, elle n’aurait pu deviner qu’il puisse être un véritable criminel. Pourtant, là, une lame sous sa gorge, elle prenait pleinement conscience de l’imprudence dont elle avait fait preuve. Quelle sotte.

Et là, Clémence tremblait de peur. Le destin était bien facétieux, tout de même : alors qu’elle ne trouvait plus de saveur particulière à la vie, enfermée dans sa tour d’ivoire, voilà qu’un homme, un malfrat, la mettait de force face à la fragilité évidente de son existence.

Il l’invita, ou plutôt l’incita à gagner la porte, et elle ne pouvait que sentir son souffle chaud dans son oreille, et l’acier glacé contre sa gorge. Près de la porte, dans un ultime sursaut, elle bloqua le battant de son pied. Il lui fallait tenter quelque chose, elle ne pouvait se montrer ainsi devant tous, elle s’en trouverait humiliée… Et si cela ne pouvait lui faire oublier sa peur, au moins cela lui donnait-il assez de courage pour affronter Bastillac avec la seule arme qu’elle possédât. Les mots. Mais elle devait faire vite, capter son attention, le plus rapidement possible.


Quelle satisfaction pouvez-vous retirer de cette situation ? Il est si facile de paraître fort quand on menace de sa lame la gorge d’une bien faible damoiselle.


D’un grognement il la poussa vers la porte.

Attendez !
intima-t-elle, angoissée, bloquant symboliquement la porte du plat de la main. Elle reprit, d’une voix plus basse. Il ne fallait pas que le garde, derrière, se trouvât effrayé et alerte ses confrères, si ce n’était déjà fait. Je puis vous faire quitter le château sans dommage, mais s’il vous plaît, relâchez-moi, si vous possédez une seule once d’honneur. Vous ne savez pas ce que vous risquez, là, peut-être n’en avez-vous pas encore conscience. S’il m’arrive quoique ce soit, vous êtes un homme mort. Si l’on vous voie me menacer, vous êtes mort également. Ne croyez pas que vous puissiez vous en sortir indemne. Soyez raisonnable, je puis vous offrir la liberté et la vie si vous me laissez libre de mes gestes également. Je puis peut-être davantage, encore. Que cherchiez-vous ?

Le cœur battant à tout rompre, elle attendit sa réaction. Ses mots étaient véridiques : l’affront et l’humiliation qu’il pourrait lui faire subir seraient lavés. Elle était fille de Marquis, accessoirement Pair de France, il ne pouvait croire que son geste ne resterait pas impuni.
Iban Etchegorri a écrit:
Cette petite ne manquait pas d'audace. Le Basque, alerte et méfiant, jetait des coups d'oeil furtifs tantôt au visage effrayé de la jeune femme tantôt à la porte entre ouverte, comme un fauve traqué.

"L'honneur...", pensa le Basque amusé malgré l'inquiétude de sa situation par les paroles de Clémence, "Vous m'en direz tant...l'honneur est l'apanage des puissants, ma belle...quant aux gueux, ils se contentent de lutter pour survivre au pitoyable et absurde combat de leur quotidien..."

Cet instinct de survie, le Basque le sentait bouillonner dans ses veines. Il n'avait d'ailleurs eu dans le passé aucun scrupule à piétiner les cadavres encore chauds et fumants de ceux qu' il avait croisé, pour se hisser hors de sa misérable existence de va-nu-pied. Briser les chaînes du besoin, broyer le carcan d'une existence médiocre, étouffer cette honte brûlante de la soumission et de la misère pour déborder de vie, de force et de témérité, se livrer tout entier, corps et âme, à ses désirs orgiaques et criminels, et étancher enfin son inextinguible soif de vivre pleinement : voila ce à quoi aspirait l'impétueux Gascon.


"Penses tu que je sois homme à venir implorer ta grasce et te quémander mon absolution ?!"répondit Iban "De l'honneur j'en ai certes : l'honneur du serf, qui m'intime de ne point courber l'échine fusse devant la fille d'un Pair. Presses toi maintenant ! En ta charmante compagnie, je ne crains rien, vois tu : tes hommes auront bien trop peur de voir la fille de leur Seigneur se faire égorger comme un vulgaire pourceau..."

Et tout en lui parlant, il la força à avancer vers la porte. Il fallait à présent qu'ils regagnent la cour et son cheval. Le Basque savait que les gardes ne tenteraient rien tant qu'il menacerait la fille de l'Epine. Il prévoyait par conséquent de ne la relâcher qu'une fois à l'extérieur du château.
Clémence.de.lEpine a écrit:
L’humiliation… oui l’humiliation, c’était sans doute le sentiment qu’elle exécrait le plus. Tout cela se paierait, un jour. Si seulement elle en sortait sauve. Cet homme n’était que folie, elle le sentait, et si lui n’avait pas peur, elle le devinait tendu, cependant. Mieux valait pour elle qu’elle ne tente rien de trop hardi. Il lui restait un grain de raison, à elle.

Vous êtes fou…
siffla-t-elle néanmoins. Vous ne vous en sortirez pas indemne. Et si tel était le cas, vous n’aurez pas un instant de répit durant toute votre misérable et courte vie. Et si vous m’ôtez la possibilité de m’en charger, d’autres à ma place le feront. Vous êtes fou… répéta-t-elle d’une voix tremblante, de rage, de peur, de frustration et de honte, d’être ainsi traitée.

Il la poussa sans ménagement vers le couloir. Pleine d’espoir, Clémence jeta un regard dérobé à l’endroit où elle avait laissé le garde. Il avait disparu. Ce n’était pas mauvais. Au contraire. Ça ne pouvait qu’être bon. Sans doute avait-il eut un soupçon d’intelligence et qu’au lieu d’accourir héroïquement au son du raffut qu’ils avaient probablement causé il avait couru –ou s’était sauvé- prévenir la garde de la mauvaise tournure que prenaient les évènements. Elle reprit confiance. Tout allait rentrer dans l’ordre. Sans doute prenaient-ils déjà position, à l’extérieur. Prière muette… Il fallait qu’ils soient discrets.

Et elle se chargerait de l’épuiser, de le mener à bout, mais pas trop tout de même. Elle tenait à rester entière. Ainsi, avec un peu de chance, il serait moins attentif et se laisserait plus facilement prendre au piège.


Il faut être fou, oui, pour oser s’attaquer ainsi à plus fort que soi. Oh, je n’ai pas votre apparence, non, je ne peux me vanter de posséder votre corpulence et cette force dont vous usez avec tant de délicatesse. Mais j’ai pour moi cette noblesse, oui, que vous pouvez mépriser autant que vous le souhaitez, s’il vous plaît. Cette noblesse –et votre folie- causeront votre perte. Contrairement à vous, et malgré le dédain que vous semblez accorder à mon rang, je porte mon nom avec fierté et honneur, moi. Car si vous possédez l’honneur d’un serf, comme vous le dites, vous n’êtes point noble, je présume. Et quel est donc votre nom ? Etes-vous si peu fier de votre condition de vilain que vous vous dissimuliez sous un patronyme à la consonance ridicule ? J’ai pitié de vous…conclut-elle d’un ton méprisant, alors qu'il continuait à la pousser dans les couloirs, tandis qu'elle les guidait vers la sortie.

Peut-être était-elle allée trop loin. Elle ravala alors la boule qui venait de se former au fond de sa gorge. Elle et ses mots sarcastiques…Mais cela lui permettait, toujours, de dissimuler son appréhension, sa crainte, sa peur, là, en l’occurrence.
Iban Etchegorri a écrit:
Malmenant toujours l'épaule meurtrie de la jeune femme de sa poigne de fer, Iban lui répondit sèchement:

"Tu parles trop, fillette...c'est le désagrément avec les mignottes de ton sexe. Je ne sais ce qui me retiens de te couper ta jolie langue...la pitié sans doute aussi."
Il lui lança un sourire narquois.

Ils arrivèrent enfin en bas de la tour. La porte était grande ouverte, laissant entrevoir la cour vide. Les gardes avaient disparu. Le pont levis était relevé. Il planait sur cette basse-cour un silence qui n'avait rien de naturel.A coup sur, les gardes devaient guetter quelque part, prêt à se jeter sur lui dés qu'il serait sorti hors du donjon.

Le Basque s'écria alors de tous ses poumons pour se faire entendre des lanciers.


"Ecoutez moi bien, bande de fot-en-cul sans pendeloche: que l'un d'entre vous tente quoique ce soit contre moi et j'ensaignante votre puterelle de maitresse de la gorge jusqu'au nombril. Baissez ce pont-levis céans, au lieu de peurpisser dans vos caches, et amenez moi mon cheval et mon épée."

Le Basque sentit alors monter en lui ce sentiment de crainte, cet instinct de vivacité animale qui le prenait au ventre et le poussait à se dépasser lorsque sa témérité le menait par des sentiers dangereux. Il pressa la lame tranchante sur la gorge de Clémence et murmura à son oreille, tout en profitant de la situation pour humer sa blonde chevelure:


"Allons, noble donzelle, j'aurai préférer te faire chanter avec une épée plus docile mais celle ci devrait suffire à ce que tu cries à ta canaille de se montrer sage..."


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MessageSujet: Re: [*1456/05/27, Champagne] Un cas pour le moins épineux   [*1456/05/27, Champagne] Un cas pour le moins épineux Icon_minitimeLun 2 Juin - 19:36

Clémence.de.lEpine a écrit:
Elle détestait qu’il la tutoie sans scrupule, son ton supérieur, la façon dont il l’appelait en variant les qualificatifs tout aussi peu flatteurs les uns que les autres et plus que tout, elle détestait se sentir impuissante et si fragile entre ses mains de butor. En bref, elle était habitée d’une haine à son égard qu’elle n’avait jusqu’alors pas encore pu ressentir.

A mesure qu’ils descendaient les volées de marche en direction de la cour Clémence devenait de plus en plus pâle. Elle n’avait rien tenté de plus pour déjouer l’attention de son agresseur et elle n’avait plus pipé mot depuis qu’elle avait compris que celui là devait être plus buté qu’elle. Et plus irascible, surtout. Lorsqu’ils parvinrent à la basse cour et que comme lui elle remarqua le silence et l’absence de gens elle se sentit défaillir. Quelle idée idiote que de vouloir prendre au piège un homme tel que ce soi disant Bastillac… Cela ne parviendrait qu’à l’irriter davantage et c’était elle qui en subirait les conséquences. Elle l’entendit s’exclamer sans comprendre vraiment la teneur de ses mots, le sang battant à ses temps l’empêchant de saisir leur signification.

La lame se fit plus pressante sur sa gorge et elle fit un effort de concentration pour comprendre ce qu’il lui ordonnait. Sa voix et son souffle au creux de son oreille la firent chanceler, son estomac se crispa sous l’assaut d’une soudaine convulsion et c’est à moitié inconsciente qu’elle répondit d’une voix faible, quasi inaudible.


Je ne peux ni chanter ni crier, débrouillez vous donc, c’est vous qui nous avez mis dans cette situation. Je ne peux plus vous aider, et croyez-moi cela me contrarie autant que vous.

Difficilement, elle avala sa salive et fit une nouvelle fois le tour de la cour du regard. Où se cachaient-ils donc et qu’attendaient-ils pour se montrer ? Elle ne voyait rien ni personne, il n’y avait âme qui vive hormis le fauve et sa proie, et encore, en ce qui la concernait, elle était plus morte que vive.

C’est à ce moment qu’un grincement sinistre vint rompre le silence pesant. Le regard voilé par la peur et l’appréhension Clémence devina qu’on était en train de baisser le pont levis. Mais la herse demeura. Quel jeu jouaient-ils, se lamentait la demoiselle en silence.

Le pont levis est baissé comme vous l’avez demandé. Votre cheval est à l’écurie. Relâchez la damoiselle et venez chercher votre épée. Etes-vous un homme, que diable ? Clama une voix grave dont l'origine était incertaine, tant l'écho était puissant.

Ils voulaient jouer aux plus malins, mais se rendaient-ils compte qu’ils la mettaient en danger ?
Iban Etchegorri a écrit:
"Putakume ! " fulmina le Basque lorsqu'il entendit une voix au dehors qui remettait en cause sa virilité, "Vous êtes nombreux, bien armés et vous vous terrez comme des pucelles, alors que je suis seul et muni d'une dague et tu insinues, fils de chien, que je suis un lâche ! Qu'on relève la herse et que la garcelette qui vient de parler de la manière sorte de son trou. Je m'en vais lui montrer, foi d'Etxegorry, qui de nous deux en a dessous ses braies !"

Le Basque força alors Clémence à avancer hors de la tour et attendit qu'on s'éxécuta. Il avait le vague sentiment de se fourvoyer dans quelque piège mortel, mais sa fierté et son sang chaud aveuglait le Basque d'une manière telle que nulle raison ni alarme n'eut pu permettre qu'il ignorât un affront de cet acabit
Des gardes a écrit:
La tension était à son paroxysme. Leur jeune maîtresse, de par son imprudence, se retrouvait à présent dans une situation quelque peu délicate. D’ailleurs, la leur l’était tout autant, si ce n’est plus ! Que dirait le Marquis quand on lui annoncerait que son unique enfant était morte parcequ’ils étaient des incapables ? Eux contre un, un contre eux. Ce serait une honte que de perdre cette bataille.

Tapis dans l’ombre, cachés derrières des tonneaux, les gardes avaient reçu ordre de se taire et de ne rien entreprendre avant qu’on ne leur fasse signe. Fauchevent, capitaine des gardes, gardait un œil inquiet sur le truand. Comment les dépêtrer de ce cas pour le moins épineux ? Oh ! Ils auraient bien pu lancer l’assaut, c’est sûr ! Ses hommes l’auraient maîtrisé… mais la Damoiselle était en danger, et il préférait préserver sa tendre gorge avant tout. Car il tenait beaucoup à la sienne.

L’attente était longue. Le choix dur. Que tenter ? Lui ouvrir les portes, et une fois la jeune châtelaine libérée, le poursuivre ? Réfléchir, il fallait réfléchir. Et vite ! Et s’il l’intimidait… Peut-être que l’homme finirait par retrouver la raison ? Si tant est qu’il en ait une !

Puis enfin, il se décida. Il fit signe à deux de ses hommes : il fallait que le pont-levis soit baissé sans toutefois remonter la herse. Il espérait ainsi que le téméraire se sentirait plus en sécurité et baisserait sa garde. Mais, alors qu’il ne s’y attendait pas, l’un de ses hommes, qu’il avait placé à la tête d’un petit groupe et que l’attente devait exaspérer, lança alors d’une voix forte :


-Le pont levis est baissé comme vous l’avez demandé. Votre cheval est à l’écurie. Relâchez la damoiselle et venez chercher votre épée. Etes-vous un homme, que diable ?

Satisfait de lui-même, le garde fit un grand sourire au capitaine qui le foudroya du regard. Cet écervelé venait de provoquer cet homme au sang chaud, mettant leur maîtresse en grand danger. Cependant, il était trop loin pour pouvoir lui mettre la main dessus. Mais il ne l’oubliait pas, ah ça non !

Il fallait se hâter. L’homme s’énervait. Il était de ces êtres que l’atteinte à leur virilité rendait fou. Le garde était allé trop loin, il fallait à présent agir. Son regard se posa alors sur le jeune Martin qui regardait la scène, désespéré. C’était qu’elle était jolie la p’tite damoiselle ! Il ne souffrirait pas que cet être ignoble ne la touche ! Un sourire éclaira le visage du capitaine. Voilà ce qu’il lui fallait ! Un amoureux ! C’était un soldat agile et brave, quand il le voulait bien. Il le poussa alors.

Le pauvre soldat se retrouva devant le furieux. D’abord tétanisé, croiser le regard de la prisonnière lui redonna toute son assurance. Pour elle, il allait se battre.


-Lâche-la d’moiselle, maraud!
Clémence.de.lEpine a écrit:
Un mot, rien qu'un seul, suffit à la sortir de la torpeur dans laquelle elle était plongée depuis leur arrivée dans la cour.

Il avait eu l'imprudence de dévoiler son nom. Un nom pour le moins étrange, qui lui semblait venir d'ailleurs. Elle se le répéta pour elle même, la mâchoire serrée, le sang lui revenant peu à peu aux joues. Etché...Etchégori avait-il dit. Ou quelque chose d'approchant. Et ces mots qui ne ressemblaient nullement à sa langue d'Oïl, qui avaient ces accents, cette chaleur, lui rappela la langue qu'elle avait pu entendre en Terres d'Oc... Assurément, ce ne serait pas en terres Briardes qu'elle pourrait retrouver sa trace. Car oui, elle le chercherait, elle saurait s'entourer des personnes compétentes et elle ne le laisserait pas s'en sortir sans une égratignure. Encore fallait-il qu'elle même réussisse à se tirer de ce mauvais pas. Mais désormais, grâce à l'inattention de cet Etxegorry, elle retrouvait un semblant de courage et d'espoir quant à l'issue du problème.

Et puis un jeune garde s'avança devant eux, et son visage s'éclaira de cette lumière particulière qui anime l'espace d'un combat l'âme de ceux qui se sentent invulnérables et tout puissants alors que la lutte semble perdue d'avance. La flamme des héros, se prit à l'appeler Clémence. La flamme de ceux qui savent qu'ils peuvent mourir mais qui pourtant ne failliront pas. Son regard croisa un instant celui du soldat, prêt, bien campé sur ses deux jambes, une épée dans chacune de ses mains, si jeune, lui aussi. Et elle n'eut qu'un vague sourire. A quoi bon lui donner l'espoir qu'il puisse s'en sortir indemne ? Ce n'était que folie, que de braver la colère d'un homme tel que celui qui la maintenait toujours entre ses bras puissants.

Ils s'approchèrent du garde dont elle ne connaissait pas même le nom et la demoiselle tendit la main droite. Rapidement, l'échange eut lieu.


J'ai votre épée, Etxegorry.
Le nom n'avait pas la même intonation dans sa bouche que dans celle du rustre. Mais il devait savoir qu'elle savait, désormais. Et qu'elle n'oublierait pas. Vous n'avez qu'à la prendre de ma main et braver celui qui se dresse devant vous, fier et courageux, prêt à risquer sa vie pour moi et pour l'honneur. S'il meurt et si vous restez sauf, d'autres après, d'autres tels que ce jeune homme mais plus vieux, plus forts, plus aguerris se dresseront sur votre route, parce que votre affront ne pourra rester impuni. Comprenez-vous, Etxegorry, dans quelle affaire vous venez de vous impliquer ? Sa voix tremblait, davantage de colère et de défi que de peur, désormais. Elle aurait le dessus, quoiqu'il arrivât, elle ne doutait pas de le retrouver un jour s'il réussissait à prendre la fuite. Et il réussirait, elle en était presque convaincue.

Allez. Accomplissez votre ignoble tâche. Menez cet enfant au Très-Haut. Je ferai en sorte qu'on vous réserve une place auprès du Sans-Nom.

Puis, à l'attention du soldat :

Donne lui ton nom, toi aussi, qu'il sache contre qui il va se battre.


Qu'il sache à qui il va ôter la vie. Se retint-elle d'ajouter.

Et relevez la herse...
lâcha-t-elle finalement. Ou je ne réponds plus de cet homme. Elle ne se sentait pas l'âme d'un héros, elle...


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MessageSujet: Re: [*1456/05/27, Champagne] Un cas pour le moins épineux   [*1456/05/27, Champagne] Un cas pour le moins épineux Icon_minitimeSam 7 Juin - 10:36

Iban Etchegorri a écrit:
"Martin...tu peux battre ta coulpe et recommander ton âme à Dieu, sottard".
Le Basque sourit de toute sa morgue : il affichait sur son sombre visage le sourire odieux de celui qui sait la victoire d'ors et déja acquise. S'étant emparé de l'épée, il poussa brutalement Clémence de côté avec indifférence. La lame de sa dague glissa sans bruit sur le dessous du menton de la jeune femme qui chut sur le pavé de la basse cour. Il ne prêtait de toute façon plus aucune attention à la fille de l'Epine, concentré sur le jeune garde qui avait osé relever son défi.

Ils échangèrent tout d'abord l'un, l'autre des coups d'épée sans rien de bien virtuose. Le Basque répondait mollement aux attaques du jeune homme, désirant rabaisser ce dernier et lui faire percevoir la cruelle réalité de sa médiocrité. Il affectait un apparent mépris envers le Martin pour mieux montrer aux spectateurs attentifs et anxieux de ce combat que l'issue de ce dernier ne faisait aucun doute. Le Gascon savait que le découragement d'un adversaire était une arme plus efficace que bien des passes de ferraille.


“En voila un qui aurait mieux fait de rester dans les jupes de sa mère plutôt que de venir raconter des âneries pour faire le beau. Je m'en vais te corriger comme il se doit, fot-en-cul.”


Campé solidement, Iban observait fixement son adversaire, attendant le moindre mouvement, la moindre faille qui signalerait au Basque le moment propice pour porter le coup fatal à sa proie. Ce calme avant la tempête avait quelque chose de jubilatoire : le Lynx exultait intérieurement à la vue de ce benêt de garde qui prenait conscience face au sourire méprisant de son adversaire de l'erreur qu'il venait de commettre et dont l'assurance commençait à vaciller, il éprouvait un malin plaisir à jouer ainsi avec sa victime.

Tout se passa alors très brusquement. Un. Le Basque feinta de taille, incitant son adversaire à tenter une fente. Deux. Le Lynx esquiva la fente prévisible en se rangeant sur le côté et profita de la concentration du jeune homme sur son attaque pour changer sa lame de main. Trois. Un violent revers du bras gauche vint froidement égorger Martin.

La stupeur figea soudainement le visage du garde qui hoqueta un instant en de sanglants soubresauts avant de s'effondrer dans la poussière. De sa gorge maculée jaillissaient des flots écarlates qui se répandaient sinistrement sur les dalles de la cour.

L'affront venait d'être lavé par le sang. Etxegorry était satisfait.


"Esana esan, emana eman"
*conclut Iban avec dédain

*"Ce qui est dit est dit, ce qui est donné est donné"
Clémence.de.lEpine a écrit:
Les évènements s'enchaînèrent : elle avait laissé sa place à Martin sur la scène et le rideau s'était ouvert sur un nouvel acte.

Etxegorry l'avait d'abord poussée sans un regard, sans une réponse à ses paroles provocatrices. Dans sa chute, et puisque la dague se trouvait alors à menacer sa gorge, la lame avait ripé le long de son cou. Elle avait gémi sous le coup de la brûlure et crié lorsqu'elle retomba sur son poignet qu'elle avait, par réflexe, tendu en avant pour amortir sa chute.

Ensuite, elle s'était sentie entraînée à l'écart du tableau qui s'était rapidement mis en place. A ce moment, son regard avait accroché quelque chose de brillant. La dague... qui avait dû tomber en même temps qu'elle sans qu'Etxegorry y prête une quelconque attention, trop heureux d'avoir récupéré une arme plus puissante et de pouvoir se jeter sur le pauvre garde. Elle s'était jetée sur le poignard dans un ultime effort, avant d'être ramenée en arrière par des bras empressés.

Finalement, elle avait suivi le combat de loin, à l'abri, tremblante, fiévreuse, alors qu'on s'agitait à ses côtés, s'inquiétant à propos de ce sang qui tâchait la robe émeraude de la demoiselle.

Mais Clémence n'avait pas écouté et avait écarté les mains trop pressantes, les yeux fixés sur la scène. Elle avait vu le dernier assaut du malfrat, elle avait vu le sang jaillir, et quand il s'était écarté du jeune Martin pour se précipiter vers les écuries, elle avait vu le regard de l'enfant se vider. Et elle l'avait vu tomber.

Tétanisée.

Par la violence, par l'horreur, par la mort. Par la culpabilité. Elle n'avait plus mal, ni à la gorge ni à la main. Elle restait là, interdite, les yeux posés sur ce corps secoué par un dernier sursaut. Un sanglot s'échappa de sa poitrine, un sanglot nerveux, mais les larmes ne roulèrent pas. Toujours pas. Son regard se baissa vers sa main droite, dont les doigts enserraient la garde d'une dague aux reflets rouges. Elle se leva brusquement et hurla, aussi fort qu'elle le put.

Abaissez la herse !

On la regarda sans comprendre. Elle venait contredire l'ordre qu'elle avait lancé quelques minutes plus tôt. Ils ne réagissaient pas assez vite. Elle se mit à courir vers le poste de garde, répétant son ordre à tue tête, les pressant de réagir, et ce fut le branle bas de combat dans la cour.

C'est alors que des écuries fusa un cheval monté par un cavalier. La herse n'était toujours pas baissée et Clémence, éperdue, courait toujours dans sa direction. Elle ne possédait pas l'âme d'un héros, non, mais la vue de ce sang l'avait plongée dans un état d'hébétude et de folie inconsciente tel que son jugement en était altéré.


Tuez le !
Mais son cheval était rapide et sur son passage la nuée de gardes abasourdis par cette apparition s'éparpillait. Il leur fallait arcs, arbalètes ou lances mais ils n'avaient pas le temps de s'armer de la sorte.

Etxegorry, vous oubliez ça !
Cria-t-elle alors qu'il arrivait à sa hauteur et s'apprêtait à passer la herse.
Iban Etchegorri a écrit:
Son duel achevé, Iban s'était précipité vers les écuries. Par chance, personne n'avait pensé à ôter selle et mors de sa cavale. Il se jucha d'un bond sur le destrier et déboula dans la basse cour qui était déjà en ébullition. Les gardes couraient à droite à gauche pour aller s'armer d'arcs et bloquer toute issue. Le Basque et son coursier se ruèrent vers le corps de garde. La herse n'avait pas encore été rabaissée.

"Etxegorry, vous oubliez ça ! "le hêla une voix féminine.

Le Basque tourna la tête pour apercevoir la fille de L'Epine, à qui ses cheveux dénoués et le sang qui maculait sa robe donnaient une allure démentielle, brandissant de son petit poing la dague luisante du Lynx. Elle avait du choir durant son duel.

La herse risquait bientôt de condamner définitivement l'accès de la forteresse. Cela dit, il était hors de question qu'il se laissât narguer par une fillette insolente. Elle était à trois pas, sa correction ne devrait pas s'éterniser. Il tourna vivement bride et avança son cheval jusqu'à hauteur de la jeune femme. Maintenant fermement les rennes de sa cavale de sa main droite, il se saisit de l'autre du poignet de Clémence et tenta de lui arracher sa lame. L'exercice n'était cependant pas des plus simples étant donné les piaffements de son cheval impatient et la hargne de l'impudente jouvencelle.


"Allons, sale gamine : sois sage ou je vais devoir te faire mal"
Des gardes a écrit:
Martin … J’m’appelle Martin ! Oui c’est c’la ! Martin ma d’moiselle ! répondit le jeune soldat, devenu ponceau, plus pour la jeune fille que son adversaire.

Et de sourire ; un sourire timide et teinté d’espoir. Peut-être lui ferait-elle quelques faveurs s’il venait à bout de ce malotru. L’espoir d’un autre sourire, de quelques mots, d’un baiser, peut-être. Puis le combat. Ce duel inégal. Le sacrifice. L’enfant mourait heureux. Il mourait pour Elle. Et c’est repu de son image, de ses traits délicats qu’il rendit son dernier soupir.

Fauchevent regarda la scène, médusé. Par sa faute, ou plutôt par celle de l’autre ingénu, le gamin était mort ! Et pour rien ! Le basque filait droit vers la sortie sur le dos de son cheval quand… Non ! Elle n’allait pas remettre ça ! Le capitaine des gardes regardait la jeune Clémence agir, et quand elle donna l’ordre de baisser la herse, il fit signe à ses hommes ; même s’il aurait préféré voir le truand quitter le château ; quitte à le poursuivre ensuite…


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MessageSujet: Re: [*1456/05/27, Champagne] Un cas pour le moins épineux   [*1456/05/27, Champagne] Un cas pour le moins épineux Icon_minitimeSam 7 Juin - 10:36

Clémence.de.lEpine a écrit:
Il lui restait sa main gauche et le cavalier n'en avait plus de libre. Une chance, sans doute, elle avait au moins un avantage sur lui. La colère la rendait nerveuse, lui donnait du courage et sa hargne la rendait mauvaise, décuplant sa force, même si toujours bien maigre face à celle d'Etxegorry. De sa main libre elle griffa férocement celle de l'homme qui lui tenait le poignet, serrant toujours la garde du poignard de sa main prisonnière, forçant sur son bras afin de s'affranchir de l'étreinte douloureuse.

Lâchez moi, vous avez déjà fait assez de mal aujourd'hui. Grinça-t-elle, furibonde. D'un geste vif elle ouvrit ses doigts, lâchant l'arme qu'elle récupéra de sa main gauche, non sans s'entailler une nouvelle fois au passage. Grimaçant, Clémence tailla furieusement de la lame la main d'Etxegorry afin de lui faire lâcher prise, sans se préoccuper des coups qu'elle donnait, se contentant d'abattre le bras, ne pensant qu'à sa survie, à Martin, mort, et à sa vengeance... La lame se couvrait à nouveau de rouge, de son sang à lui, cette fois. Elle ne put réprimer un rire saccadé.

Vous subissez déjà la colère du Léviathan, mais ce n'est qu'un début, vous la subirez encore et encore... Chacun aura donné de son sang en ce jour et le vôtre n'a pas fini de couler.
Iban Etchegorri a écrit:
Cette lame qu'il avait lui même forgée déchira la main d'Iban qui hurla de douleur et de rage.

"Furie démente !"
,rugit il tout en libérant sous le coup de la douleur le poignet de la jeune femme. Alors que Clémence trépignait et s'apprêtait à lui porter de nouveaux coups, il lui décocha un violent coup de talon au menton qui la fit choir sur le pavé.

Les gardes arrivaient et la herse entamait son inéluctable descente. Il était grand temps pour le Lynx de tirer sa révérence. Tant pis pour la dague, les De L'Epine paieraient tôt ou tard. Hargneux, le Basque rabattit vigoureusement ses talons sur les flancs de sa cavale de sorte que celle-ci s'empressât de galoper. Il eut bientôt franchi le pont-levis.


A présent hors du château, le Gascon observa sa main meurtrie tandis qu'il cavalait droit devant pour distancer la garde. Son index et son majeur gauche n'étaient plus que deux sanglants lambeaux de chair qui pendaient piteusement au bout de ses phalanges. "La peste soit de cette petite garce" ruminait le Basque silencieusement.


Direction Paris : Iban devait régler encore deux trois affaires rue des Echaudés avant de repartir pour le Sud-Ouest. Bientôt l'on apprendrait son passage chez l'Epine et il serait recherché par à travers le royaume.

Qu'importait ! Sa vie n'avait jamais été jusqu'ici qu'un constant et tumultueux exode.
Clémence.de.lEpine a écrit:
Sa mâchoire claqua sous le coup violent et le goût âcre du sang lui envahit la bouche. A nouveau, elle se retrouva sur le pavé, la vue brouillée par la douleur. Elle le vit s'enfuir, et elle aurait voulu se précipiter à sa suite, le poursuivre, par monts et par vaux, lui faire payer tout ça...

Au lieu de quoi Clémence resta prostrée sur le sol froid, trop engourdie pour pouvoir esquisser un seul geste. On la releva en douceur et il lui sembla que c'était tout son corps, alors, qui menaçait de tomber en ruines.


Les blessures sont superficielles. entendit-elle, alors qu'on l'examinait.

Pas toutes, non. murmura-t-elle en écho, tout en posant son regard clair sur la masse sanguinolente dont on était en train de débarrasser la cour. Ces paroles valaient pour cette mort, oui, mais également pour elle. Elle avait honte. La culpabilité la rongeait déjà. Elle avait agi comme une écervelée et on en payait le prix fort. Pourrait-elle jamais se le pardonner ?

Pas un mot à propos de toute cette histoire. lança-t-elle à l'adresse de Fauchevent, qui la regardait d'un oeil absent. Il hocha la tête, montrant qu'il avait entendu, mais elle n'avait aucun droit sur lui, elle le savait. Même si l'affaire ne s'ébruitait pas au delà de l'enceinte, son père, au moins, serait tenu informé de sa bêtise. Elle en frissonna.

Je réparerai tout ça. prononça-t-elle distinctement, afin que tous l'entendent et soient témoins de l'engagement qu'elle prenait. La demoiselle les sentait sceptiques, et comment pouvaient-ils ne pas l'être ? C'était un de leurs camarades, qu'elle avait envoyé à la mort.

L'odeur du sang la prit soudain aux tripes et elle se sentit défaillir. Faible, trop, pour pouvoir traverser fièrement la cour et rejoindre le donjon sans tenir compte de la mare rouge qui s'étalait encore en son centre, elle ne résista pas et se laissa tomber. Une nouvelle fois. Et dans sa chute, avant de glisser dans l'inconscience, elle se jura de faire correctement pénitence et de s'infliger le châtiment qu'elle méritait. Sa dernière pensée fut pour Etxegorry : elle n'expierait pas entièrement ses pêchés tant qu'elle ne l'aurait pas retrouvé...


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MessageSujet: Re: [*1456/05/27, Champagne] Un cas pour le moins épineux   [*1456/05/27, Champagne] Un cas pour le moins épineux Icon_minitimeMer 18 Juin - 16:59

Linawen a écrit:
Deux jours plus tard



Lina observa minutieusement ses mains: des ongles longs, sales, qui lui plaisaient. Pour la Damoiselle de l'Epine, ce seraient des ongles trop longs et trop sales qui ne lui plairaient pas du tout. Le miroir disposé dans un coin de la pièce lui renvoya son reflet. Des cheveux en bataille, désordre causé par le vent au dehors. Si elle venait à se présenter ainsi devant la Damoiselle, celle-ci verrait bien qu'elle n'était pas restée entre les murs du château ce matin. Un idiot s'en douterait, et de plus, Clémence de l'Epine était loin d'être une idiote, Elle aurait droit à des remontrances dont elle n'avait pas envie. Pas aujourd'hui. Parce qu'elle n'était pas d'humeur à retenir sa respiration pour faire ralentir les battements de son cœur, son cœur qui battait trop vite chaque fois que des réflexions sur sa tenue ou sur son comportement lui parvenaient. Et qui la faisaient trembler, trembler jusqu'à ce que ce ne soit plus supportable et qu'il faille évacuer ces sentiments. Et là il était trop tard, personne ne pouvait plus rien sur la violence qui l'habitait dans ces moments. Alors non, elle n'avait pas envie de subir les reproches de la Damoiselle.

Elle devait s'occuper de son hygiène avant de lui rendre visite. Tant pis si elle en avait horreur. Elle se déshabilla, enjamba la bassine et passa rapidement sous l'eau. Elle était chaude et détendit ses muscles. Lina patienta deux minutes puis sortit, se revêtit, remit de l'ordre dans sa chevelure sauvage. Son regard croisa à nouveau son reflet. Elle fut surprise et eu même un léger hoquet d'étonnement: pour la première fois, elle se trouvait mignonne. Pas jolie ni belle comme toutes les petites princesses qu'elle croisait souvent dans les rues. Juste mignonne. Autrement. Elle se risqua alors à sourire; cela lui allait à merveille.

Elle sortit de la salle et se dirigea vers la chambre de la Demoiselle de l'Epine. Arrivée devant sa porte entrouverte, elle s'examina une dernière fois des pieds à la tête. Elle était présentable. Elle frappa quelques coups discrets et pénétra dans la pièce.


"Bonjour Lina, je t'ai appelée pour te rappeler ta promesse
-Bonjour Clémence... Je dois vous rendre, je me souviens, tout service dont vous me prierez
-Bien...Évite simplement de me nommer ainsi, comme je te l'ai enseigné, je ne suis pas ton amie et encore moins ton égale. Comme tu le vois, il m'est arrivé quelque fâcheuse aventure."

Lina ne put s'empêcher de s'en vouloir. Elle savait pourtant qu'il fallait traiter la Demoiselle avec respect. Elle n'y parvenait pas toujours et parlait souvent sans réfléchir. Sa jeune maîtresse était étendue sur son lit, son joli visage crispé par quelques sentiments de colère ou d'angoisse. Un pansement était visible au niveau de son cou, et un bandage disposé au poignet gauche... Tout portait à croire que la Demoiselle de l'Epine avait reçu quelques coups... Qui donc avait pu oser toucher cette jeune fille de haute lignée? La curiosité de la petite était piquée; pourrait-elle en savoir davantage sur les récents évènements...?


L'homme qui m'a fait ça a fait bien pire, et mon coeur crie vengeance et réparation.
-Vengeance et réparation sont des mots qui me connaissent bien... Pour combler vos désirs, ma Demoiselle, quelle mort souhaiteriez-vous accorder à cet homme? J'ai des connaissances qui pourraient...
-Mort ? il n'est pas question de mort ! Tu ne te trouves pas ici pour pervertir davantage ton âme. La vengeance est déjà une chose bien vile, il est inutile de rajouter à cela un pêché bien pire encore. Je connais tes compétences et je n'en doute pas. Mais je veux que tu t'en serves à un autre dessein : retrouve cet homme et reviens me dire où il se cache.
-Le retrouver, ma Demoiselle? Mais comment le pourrais-je? Je ne connais ni le nom, ni le visage, ni la fonction ou encore le pays de celui qui vous a offensé..
-Il se nomme Etxegorry, il a le visage sombre, tout comme ses yeux et ses cheveux, la stature haute et il peut s'exprimer à merveille pour le brigand qu'il est... Je crois que... je crois que je l'ai blessé à la main gauche, il en portera peut être une marque, je ne sais pas. Tu es petite, discrète, maligne, intelligente et manipulatrice, et tes origines, l'éducation que tu as reçue dans ton enfance ne pourront que t'aider. Je compte sur toi. Il me faut ce fils de chien, par n'importe quel moyen. Il m'a souillée, il m'a humiliée, il a tué dans l'enceinte du château, il n'est pas possible que ses crimes demeurent impunis."



"Je ne vous cache pas que cela sera difficile, mais pour vous Clémence, je ferai le nécessaire. Ai-je carte blanche pour remplir ma tâche? Partir sans équipement serait ma foi suicidaire.
-Ne m'appelle pas Clémence... Ce sera difficile, je le sais, mais tu pourras y trouver quelque plaisir sans doute, à errer seule entre ville et campagne. Je te fournirai la monture qui te plaira et tout ce dont tu auras besoin,tant que cela reste raisonnable. Que te faut-il ?"

Lina s'en voulut pour la deuxième fois. Emportée dans un élan d'empressement, elle avait de nouveau oublié ce qu'on lui avait enseigné. Pense les mots dans ta tête avant de parler, petite sotte, ou tu vas finir par être renvoyée d'ici...

"Et bien... une arme, quelle qu'elle soit... Juste pour ma défense, m'entendez-vous bien. je ne voudrai pas perdre ma vie dans cette quête qui ne me paraît pas des plus aisées ni des plus sûres... Elle m'est, vous le savez, bien trop précieuse. Quelques écus, pour délier des langues, à boire et à manger.. "

Etait-ce lorsqu'elle avait évoqué l'arme que le regard sceptique de Clémence était apparu? Sûrement... Mais il n'était pas possible qu'elle s'en sorte autrement.

"Bien. Tu auras ce que tu demandes. J'espère avoir raison de te faire confiance. Mais à vrai dire je n'ai pour l'instant pas d'autres recours. J'aurais pu envoyer n'importe quel homme de l'Epine, n'importe quel soldat, mais c'est toi que j'ai choisie, parce que tu seras discrète, que tu passeras inaperçue et que tu seras moins prompte à juger mes ordres que les autres, qui me voient maintenant comme une sotte et une incapable.
-Une sotte et une incapable? qu'avez-vous donc fait, ma Demoiselle, pour que l'on puisse vous juger ainsi? "

Pour la troisième fois en peu de temps, Lina regretta ses paroles. Ces dernières avaient été énoncées trop rapidement. La curiosité dont elle faisait part vis-à-vis de ce qu'il s'était passé était désormais clairement visible et cela allait agacer Clémence. S'attendant aux remontrances de la jeune Demoiselle, Lina fut surprise de la gêne manifeste avec laquelle elle répondit.

"Rien. Je t'en ai déjà trop dit, tu n'as pas à en savoir plus. Il te faut simplement haïr cet homme comme je le hais moi même, et t'attacher à le retrouver. Va, maintenant, laisse moi, je suis fatiguée. Je ferai porter mes ordres quant à ton équipement avant ce soir, de façon à ce que tu puisses partir demain. Sois la plus discrète possible, interroge, fouille, ne laisse rien au hasard. Et surtout, pas un mot de tout ça à quiconque. Je ne te connais pas, tu ne me connais pas. Bonne chance.
-Bien, ma Demoiselle. Je suis de toutes façons à vos ordres... A bientôt, donc, comptez sur mon silence."

Ne voulant insister ni déranger plus longtemps, Linawen baissa légèrement la tête puis sortit de la pièce à reculons. Le sang lui cognait dans les tempes: elle était avide de poursuites et de découvertes; de secrets et d'aventures. Demain et les jours suivant lui en donnerait l'occasion.


[Le dialogue a été réalisé en accord avec LJD Clémence]


Dernière édition par Mélissande le Mer 2 Juil - 11:06, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [*1456/05/27, Champagne] Un cas pour le moins épineux   [*1456/05/27, Champagne] Un cas pour le moins épineux Icon_minitimeSam 21 Juin - 15:01

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  • Iban Etchegorri

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  • Rob le Garde

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