Relais d'Argonne
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Relais d'Argonne


 
AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
Le Deal du moment :
Bon plan achat en duo : 2ème robot cuiseur ...
Voir le deal
600 €

 

 [1455/02/23, Compiègne] Rencontre Mélissande-Golitor

Aller en bas 
Aller à la page : Précédent  1, 2
AuteurMessage
Mélissande
Habitante des lieux
Mélissande


Nombre de messages : 977
Age : 42
Localisation : Argonne
Date d'inscription : 03/07/2006

[1455/02/23, Compiègne] Rencontre Mélissande-Golitor - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: [1455/02/23, Compiègne] Rencontre Mélissande-Golitor   [1455/02/23, Compiègne] Rencontre Mélissande-Golitor - Page 2 Icon_minitimeMer 4 Juil - 18:13

Golitor a écrit:
Accueillant une nouvelle fois la pause avec délectation, Golitor s’assit à l’ombre d’un arbre à l’épais feuillage. Il ôta sa veste de cuir renforcée pour jouir du vent frais. Il sortit de son paquetage son éternel morceau de viande séchée et profita du temps imparti avant la sieste pour rappeler quelques finesses tactiques à Mel. Après s’être sustenté et bien réhydraté Golitor rejoignit son fidèle arbre pour sa sieste méritée.

Le calme du plateau forestier était une source de calme et de bien être qui savait vider l’esprit de Golitor de toute sorte de soucis. Quand il se trouvait perdu en ce lieu, esseulé et loin de l’activité humaine, son esprit se trouvait libre comme nul autre, idéal pour ensuite commencer son balai enchanté muni d’une lame sans armure ou bouclier.

Il revoyait ses passes d’armes avec Mel, trouvant sur quels défauts il lui faudrait encore appuyer, quels gestes lui montrer qu’elle saurait mettre à profits. Un geai lança un trille enhardi, signal de la fin de la pause. Déjà Melissande était prête travaillant sa geste de façon imaginaire.


Alors tu es suffisamment reposée ? Là nous allons voir quelques coups sympathiques, qui sortent de l’ordinaire. Elles ne sont pas des plus évidentes, mais elles peuvent déstabiliser un adversaire quand le combat devient trop long. Bon reprenons quelques mouvements de base histoire de se remettre en jambe, et je te montrerai ces petites surprises…

Ils reprirent la leçon Golitor se montrant des plus vicieux dans ses feintes et ses replis poussant Mel à donner le meilleur d’elle-même, exécutant chaque geste à la perfection sans quoi l’initiative se soldait par un échec. Une fois la petite sur motivée, Goli lui montra différente façons de faire.

Le froissement, une façon de dégager la lame avec virulence, qui peut même mener à un désarmement. Tu effectue un bâté à plat sur la lame adverse partant di fort de ta lame jusqu’à la partie faible. Bien à plat ainsi ton adversaire s’il ne tient pas son fer de la façon la plus ferme se verra désarmé.

Sinon tu as aussi le coup lancé, par un mouvement bref du poignet, tu joues avec la flexibilité de la lame pour faire passer ta pointe là où la cible est bien protégée et hors d’atteinte de façon directe. C’est très utile pour faire un coup à la main, qui est cachée derrière la garde. Ce n’est pas évident, car en plus du coup de poignet il faut avoir le mouvement parfait en coordination avec la main de l’adversaire. Mais bon, au pire des cas, tu ne touches pas, mais tu lui cingles bien la main !


Les deux bretteurs reprirent leur étrange sarabande, décomposée au début, lente ensuite puis la vitesse d’exécution devint de plus en plus élevée pour finalement finir endiablée. Les coups pleuvaient, Mel faisait tout son possible pour tutoyer l’excellence et plus d’une fois Golitor fut contraint de faire des poses sous peine de se faire embrocher séant. Voyant son élève à ce point à l’aise, Golitor décida de changer de méthode, cette fois il la pousserai jusqu’au bout.

Soudainement Golitor commença par lancer quelques ripostes, rapides mais pas jusqu’au bout histoire qu’elle s’habitue, puis les ripostes devinrent de plus en plus précises. De gestes simples ils devinrent composés lancé jusqu’en 3e ou 4e intention. Mais elle n’abdiquait pas et toujours aussi motivée que téméraire, ses attaques gardaient la même intensité.

Le ballet des deux bretteurs était de toute beauté. Tels deux danseurs à la chorégraphie incroyable et sue sur le bout des doigts ils virevoltaient tels deux paillons emportés par le vent. Tantôt acculé, tantôt changeant de ligne par une manœuvre souple d’évitement ou de cassage de distance Golitor évitait les attaques les plus précises par de simples esquives.

Jouer de la sorte avec le danger, par la simple conscience de l’emplacement exact de son corps et des éléments l’entourant l’excitait au plus haut point. Il était tout simplement dans un autre monde où seule sa concentration l’habitait.

Melissande n’en pouvait plus de le frôler sans jamais porter d’estocade victorieuse plus d’une fois elle mit en sérieuse difficulté mais toujours il s’en tirait jouant d’une apparente et déconcertante facilité. Puis lors d’une attaque triplée Melissande fut prise de court par un mouvement en avant de Goltior. Au moment où elle se déséquilibrait en avant pour pousser son attaque, Golitor s’avança au devant de sa garde faisant glisser la lame le long de son bras. Arrivé au corps à corps il se tourna de profil, lui immobilisa le bras armé par son bras droit, changea son arme de main. Puis d’un mouvement de hache il changea de côté pour faire basculer Melissande sur lui. Lors de sa chute elle croisa des yeux toute la lame de Golitor qui ne la pris pas pour cible. Au final la garde de Golitor s’appuya doucement sur son front sans l’avoir blessé.

Ils s’arrêtèrent, Melissande un peu inquiète par ce qui aurai pu se produire. Bouche bée elle n’osait dire un mot. Golitor souri largement, il était content d’avoir pu exécuter cette botte.


T’en fais pas ma grande… Je ne t’aurai pas fait de mal… Et tu m’en sais incapable ! Ce « petit truc » c’était la botte du Duc de Nevers. Assez compliquée je te l’accorde mais radicale si bien exécutée. En fait il s’agit de passer de l’autre côté de l’adversaire, changer l’arme de main puis attirer l’adversaire à toi, et ainsi plaçant ta pointe entre ses deux yeux de ta future victime, ton adversaire passe de vie à trépas en moins de temps qu’il ne faut ne serai-ce que pour y penser…

Bon si tu n’es pas encore trop crevée, je peux t’en montrer quelqu’autre, pour ta culture générale.
Revenir en haut Aller en bas
Mélissande
Habitante des lieux
Mélissande


Nombre de messages : 977
Age : 42
Localisation : Argonne
Date d'inscription : 03/07/2006

[1455/02/23, Compiègne] Rencontre Mélissande-Golitor - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: [1455/02/23, Compiègne] Rencontre Mélissande-Golitor   [1455/02/23, Compiègne] Rencontre Mélissande-Golitor - Page 2 Icon_minitimeMer 4 Juil - 18:13

Petitangelot a écrit:
Golitor finit par se relever de sa sieste (ou ses songes) et l'interpèle.

Golitor a écrit:
Alors tu es suffisamment reposée ? Là nous allons voir quelques coups sympathiques, qui sortent de l’ordinaire. Elles ne sont pas des plus évidentes, mais elles peuvent déstabiliser un adversaire quand le combat devient trop long. Bon reprenons quelques mouvements de base histoire de se remettre en jambe, et je te montrerai ces petites surprises…
De suite, Mélissande ramasse ses affaires. Souriante et impatiente de la suite, elle arrive à pas rapides et le rejoind. "Déstabiliser un adversaire", "surprises": elle allait surement adorer cela!
Golitor lui demande de refaire quelques mouvements de base pour lesquelles elle s'applique, tout de même poussée dans ses limites par les feintes et les répliques rapides du maitre d'arme. A bout que quelques minutes de ce qui commençait à devenir un jeu entre les deux épéistes, Golitor explique le froissement et du coup lancé.
Lui décomposant tout d'abord le mouvement, Golitor laisse à Mélissande le temps de retenir la suite de mouvements. Mais en accélérant, Mélissande n'arrive pas de suite à rendre son froissement suffisamment efficace que pour désarmer Golitor. Elle frappait de plus en plus fort tentant d'y parvenir... mais, n'y parvenant pas, elle s'énervait intérieurement plus qu'autre chose... jusqu'au moment où elle place convenablement son bras et se rend compte que la puissance de frappe ne suffisait pas et que l'endroit du baté devait se trouver à un endroit bien précis pour déstabiliser la main de l'adversaire. Heureuse de l'avoir enfin trouvé, elle poursuit les mouvements et tente régulièrement de replacer ce froissement... en essayant de ne pas prévoir trop à l'avance le mouvement (si elle le prévoyait trop à l'avance, le maitre d'arme aurait tôt fait de le comprendre également et l'attendre).
La jeune femme s'appliquait. Elle mordait sa lèvre inférieure dans l'effort, agitait son bras gauche en arrière pour garder son équilibre et donner force à l'action de son bras droit armé. Ses pieds bougeaient rapidement sous ses jambes toujours un peu fléchies prêtes à réagir directement pour contrer une attaque imprévue. Bien qu'elle commençait à bien retenir les séries de mouvements, elle n'en était pas encore assez maitre que pour prévoir assez rapidement ceux de son adversaire. Mais petit à petit, elle commençait à répondre convenablement aux attaques de Golitor lui faisant comprendre que le niveau d'apprentissage était monté d'un cran.

Lorsque le maitre d'arme décide alors d'accentuer la difficulté en entamant une série de ripostes, Mélissande tente de suivre le rythme. A chaque coup manqué, Mélissande frappait l'air de rage faisant siffler sa lame. Sur le moment, ses sourcils froncés, elle s'en voulait de n'avoir pu réagir correctement. Mais cela ne durait qu'un instant. Reprenant rapidement la position de mise en garde, elle invite de suite Golitor à reprendre la série suivante. Respirant fortement pour garder son souffle, la fois suivante, elle ne manquait pas de rattraper l'erreur précédente.
Les deux épéistes n'échangeaient maintenant plus aucun mot, enchainant feintes, ripostes, esquives,... Seuls leur respiration et les cliquetis du métal qui s'entrechoque rythment l'ambiance et trahissent leur présence dans la clairière.

Mais Golitor commence alors à éviter ses coups par de simples esquives la laissant à chaque fois dans le vide, incapable de le toucher. Elle s'acharne à aligner différents mouvements tentant désespérément de le surprendre. Quand elle arrivait enfin à le prendre par surprise, il avait toujours assez de liberté et de rapidité que pour éviter l'estocade. Dans l'atmosphère du combat, elle en aurait presque oublié qu'ils étaient maitre et élève, tant elle avait la rage de ne pouvoir le toucher. Qu'elle aurait aimé ficher la pointe de son épée dans le cuir épais de la veste de son adversaire!
Puis tout occupée à cet unique objectif, elle se fait surprendre par une manoeuvre de Golitor. Elle n'a pas le temps de se rendre compte de ce qu'il fait que le voila contre elle, immobilisant son bras armé puis la faisant basculer.


Waow! ne peut-elle s'empêcher d'exprimer au moment de l'embardée.

C'est crispée et le coeur battant que la voici désarmée face à la lame de Golitor. Sur le moment, encore plongée dans l'ardeur du combat, elle ressent la peur de la défaite et de ses conséquences... Puis Golitor brise le silence.


Golitor a écrit:
T’en fais pas ma grande… Je ne t’aurai pas fait de mal… Et tu m’en sais incapable ! Ce « petit truc » c’était la botte du Duc de Nevers. Assez compliquée je te l’accorde mais radicale si bien exécutée.
Elle revient alors à la réalité, laissant un sourire reprendre possession de son visage. Le regard moqueur, elle ne peut s'empêcher de répliquer, en se relevant.

Tu n'as pas pu t'empêcher! Beaucoup trop facile face à une épéiste débutant! Wink

Ce qui ne l'empêche pas d'écouter attentivement la description et la décomposition de la dite botte.

Golitor a écrit:
Bon si tu n’es pas encore trop crevée, je peux t’en montrer quelqu’autre, pour ta culture générale.
Le maitre d'arme en avait trop dit ou pas assez! Mélissande ne voulait pas en rester là et même si elle ne pourrait pas maitriser toutes ces bottes de suite, elle voulait les découvrir pour au moins pouvoir les éviter! Tout adversaire devait avoir ses habitudes et ses bêtes noires: apprendre à décripter un adversaire devait permettre de prévoir tous ses coups, surtout les bottes.
Le visage serein, elle dit alors à Golitor:


Je t'écoute! Wink
Revenir en haut Aller en bas
Mélissande
Habitante des lieux
Mélissande


Nombre de messages : 977
Age : 42
Localisation : Argonne
Date d'inscription : 03/07/2006

[1455/02/23, Compiègne] Rencontre Mélissande-Golitor - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: [1455/02/23, Compiègne] Rencontre Mélissande-Golitor   [1455/02/23, Compiègne] Rencontre Mélissande-Golitor - Page 2 Icon_minitimeVen 6 Juil - 19:23

Golitor a écrit:
Vois-tu Mel, je pense savoir, ou crois savoir toutes les ressources de l'escrime et je ne pense pas pouvoir être surpris par un coup inconnu. Oh ! Non que je me pense intouchable. Je n'ignore point que n'importe lequel des coups les plus anciens peut m’arriver en pleine poitrine, à la condition d'être exécuté à propos ou avec une vitesse supérieure à la mienne. Mais les attaques mystérieuses dites "bottes secrètes" semblent des inventions de troubadour populaires, et bonnes tout au plus à éberluer les midinettes qui écoutent leur feuilleton au lavoir, ou, entre deux pintes, sur un banc des jardins, à l'heure du déjeuner.

Et pourtant, il a existé et il existe encore des bottes secrètes. J'en ai connu, j'en ai vu pratiquer, j'en ai pratiqué moi-même un certain nombre. Mais il importe de faire ici un "distinguo" - Une botte secrète n'est pas un coup qui atteindra certainement, quasi magiquement, n'importe quel adversaire et qui n'est pas évitable par les moyens ordinaires. Même le coup de taille avec lequel Jarnac, en s'écrasant contre terre, déchira le jarret de La Châtaigneraie, aurait pu être paré ou arrêté, Et pour rentrer dans la fiction, l'estocade entre les deux yeux avec laquelle le Duc de Nevers expédie tant de malandrins, ne gênerait guère un escrimeur bien placé en garde.

Une botte secrète n'est pas un coup nouveau. C'est un coup ancien qui, exécuté ou préparé d'une façon nouvelle, surprend l'antagoniste sur lequel il est essayé pour la première fois. Lorsque, à une époque où personne ne tirait aux avancés, Hector dit à l'un de ses premiers élèves qui, complètement ignorant de l'art des armes, se battait le lendemain avec un redoutable fleurettiste : "Lardez au bras, tantôt dessus, tantôt dessous, sans cesse, et en vous tenant loin", il lui enseignait une botte secrète. Je n’étais qu’un mioche à l’époque, mais j’ai assisté à ce duel. L'adversaire reçut onze centimètres de fer dans l'avant-bras, presque à la mise en garde. Ah ! si le combat avait recommencé, le résultat eût sans doute été différent ! Mais la leçon "in extremis" de l’école Dulac avait eu son effet de surprise. La botte secrète, car c'en était bien une, avait réussi. Surprendre, voilà tout ce qu'on peut demander à un coup exécuté ou préparé d'une façon nouvelle; mais surprendre en duel ou dans un assaut à une touche, c'est beaucoup !

Un coup exécuté ou préparé d'une façon nouvelle peut donc constituer ce qu'on dénomme vulgairement une botte secrète. Souviens-toi quand je t’ai fait remplacer dans ton jeu la fente classique par l'attaque en courant… A l’époque j’avais pu remporter une série étonnante de victoires. Il s'agissait pourtant de simples coups droits. Et l'on ne peut dire que le coup droit ne soit pas le plus ancien et le plus simple mouvement offensif de l'escrime. L'exécution était différente, voilà tout !... Et l'effet de surprise était considérable.... Bien entendu, au bout d'un certain temps, on s'aperçut que la "flèche" était évitable par les moyens ordinaires, et il fut plus difficile de la placer, l'efficacité diminua avec le secret.

M. le marquis de Chasseloup Laubat avait, lui aussi, étonné beaucoup d'adversaires avec un autre genre d'attaque en courant, moins directe, compliquée de redoublements et partant d'une garde qui appartenait à l'ancienne escrime. Bien peu des adversaires de ce célèbre épéiste parvenaient à éviter la finale de son offensive la première fois qu'ils l'affrontaient. Par la suite, mieux informés et ayant beaucoup regardé tirer M. de Chasseloup Laubat, ils furent plus heureux, car, M. de La Palisse l'eût dit, une botte secrète, pour être efficace, ne doit pas cesser d'être secrète.

Quand Baudry père remplaça les parades par la contre-offensive, ses élèves eurent sur le terrain, pendant une dizaine d'années, des succès effarants. La contre-offensive a pourtant toujours existé dans l'escrime française ou italienne, mais Baudry, en l'adaptant à la coquille et à la longueur de l'épée moderne, et en l'enseignant "à la muette", y avait apporté une note nouvelle. Bien entendu, lorsque le secret fut divulgué, les adversaires cessèrent de se jeter eux-mêmes sur cette broche; la tension "à supériorité de longueur" n'eut plus son effet de surprise, et Baudry dut trouver autre chose.

Les escrimeurs qui ont maintenant une cinquantaine d'années se souviennent d'Alfonso d'Aldama qui était, certes, un très bon tireur, mais qui obtint parfois sur le terrain des résultats au dessus de sa force. Voici comment il s'y prenait : à cette époque, les forts escrimeurs n'étaient pas aussi notoires qu'aujourd'hui; d'ailleurs, ce ne fut guère qu'à la fin de sa carrière, lorsqu'il fut définitivement fixé à Paris, qu'Alfonso connut une réelle célébrité. La plupart de ses duels, et les plus dangereux, eurent lieu en Italie, en Espagne et au Portugal. L'adversaire ignorait donc complètement, ou presque complètement, qu'il avait affaire à "quelqu'un". Dès l'"Allez, Messieurs !", Alfonso jouait l'inexpérience. Il tombait en garde maladroitement, la main gauche et les pieds incorrectement placés; sur les premières feintes de l'adversaire, il prenait en rompant des parades larges et maladroites; il feignait même, en toussant, en haletant, d'être aussi grippé que maladroit. L'antagoniste croyait avoir la partie belle; si, avant la rencontre, quelqu'un lui avait dit qu'Alfonso était un "tireur", ce tuyau lui semblait alors bien inexact. Convaincu d'avoir affaire à une "mazette", il attaquait sans précautions et recevait, soit une riposte foudroyante, soit un arrêt pris au pied levé.

Le bon Thomeguex, qui avait beaucoup étudié Aldama, et qui, lui aussi, obtenait sur le terrain des résultats qui dépassaient, et de beaucoup, son talent très ordinaire d'escrimeur, était trop connu pour pouvoir duper l'adversaire avec un "chiqué" de ce genre. Mais il s'était mis en main trois ou quatre coups que jamais, sous aucun prétexte, il n'exécutait lorsque du monde était là pour le voir tirer. Il préférait arriver le dernier dans un entrainement que d'employer un de ces coups. Il les répétait assidûment en salle quand personne ne l'observait. Ces coups étaient bien connus en eux-mêmes, mais il les exécutait d'une façon particulière. Grâce à eux, - et grâce à sa bravoure - ce gros homme, auquel son obésité semblait enlever toute chance sur le terrain, blessait des adversaires infiniment plus forts que lui.

Le marquis de Morès, lui aussi, avait deux ou trois procédés assez bizarres, qu'il avait beaucoup travaillés et qui dérivaient curieusement et, après tout, fort pratiquement, du "huit" de l'escrime à la canne; il les répétait assidûment, soit avec Ayat père, soit avec Bougnol qui était alors prévôt chez Ayat - mais à la condition que personne n'assistât à la leçon. Il est inutile que je les décrive ici. Tout ce que j'en dirai, c'est que devant un adversaire expérimenté, ils ne pouvaient réussir qu'une fois; mais, en duel et en poule, une fois suffit. C'est même pourquoi la psychologie de l'assaut en un est toute spéciale, et, d'ailleurs, extrêmement intéressante.

Telle ou telle préparation peut faire de la plus banale attaque un coup qui reste mystérieux beaucoup plus longtemps qu'au cas où il s'agit d'une simple particularité d'exécution que n'importe quel escrimeur remarque vite. En escrime, comme au théâtre, l'art de préparer est difficile et subtil. Le spectateur d'un drame ressent l'effet d'une belle scène, mais il ne voit pas la façon dont cette scène fut amenée; de même, beaucoup d'escrimeurs applaudissent un beau coup, mais n'ont pas vu comment il lut préparé. J'ai déjà dit ici combien efficaces étaient certaines préparations de Louis Mérignac; pourtant on parlait surtout de son "coup de jarret". Quand il plaçait un coup droit, on ne remarquait que la vitesse du départ; seuls quelques amateurs et professeurs - deux ou trois peut-être - savaient comment la finale éblouissante de telle attaque avait été amenée.

Un exemple : Louis Mérignac plaçait "prime coupé", non pas seulement, comme la plupart de ses collègues, sur ces adversaires de second ordre avec lesquels on peut jouer, mais sur de très redoutables antagonistes et en des assauts où le grand maître risquait sa réputation. De cette vieille parade-riposte qui a toujours été un peu de la "fantasia", Louis Mérignac avait fait un coup d'assaut dur. On s'ébahissait; on criait presque à la sorcellerie. On essayait de l'imiter, de réussir comme lui des coupés de prime, et on se faisait toucher. Eh bien, ici encore, on peut dire botte secrète, puisque presque personne ne voyait le secret du coup, qui était entièrement dans sa préparation. Placer le coupé de prime sur une attaque même très franche, par exemple après sixte et prime sur une-deux dedans est extrêmement difficile; pour réussir cela, il faut avoir devant soi un débutant ou un naïf. Mais Louis Mérignac s'y prenait autrement. Il envoyait d'abord, en marchant, une attaque composée assez large et mal couverte, d'ailleurs prudemment retenue, qui ne touchait pas, qui avait pour but non de toucher mais de donner à l'adversaire l'envie de prendre un arrêt; puis le grand maître recommençait la même attaque, ou plutôt la commençait seulement; cette fois l'adversaire tendait sur le bras allongé et dans les feintes larges de Louis Mérignac; alors celui-ci, en repliant un peu le bras, prenait prime coupé sur la tension avec une vitesse foudroyante. La prime, fort difficile à exécuter dans la position raccourcie de la garde, devient plus aisée le bras allongé, avec un très léger repliement. Au lieu de la prendre en parade, Louis Mérignac la prenait en contre-tension C'était simple. Et cela restait secret, car on ne le remarquait pas plus que le spectateur d'un tour de passe-passe n'aperçoit le "truc" si l'illusionniste est adroit. On disait : "Quelle vitesse", comme en présence d'un escamotage bien fait on dit : "C'est passé dans la manche", bien que les prestidigitateurs ne se servent presque jamais de leurs manches et les relèvent tant qu'on veut !... On ne voyait que l'exécution. On ne voyait pas la préparation sans laquelle l'exécution n'eût mené qu'à un échec...

On s'ébahissait aussi des ripostes de Pini qui étaient, en effet, terriblement efficaces. Au point qu'après quelques minutes d'assaut, on n'osait guère l'attaquer franchement. Mais d'autres tireurs, italiens et français, ripostaient aussi vite et touchaient moins bien. Pini, avant tout grand tireur de tête, savait, très adroitement, attirer l'attaque d'allonge dans telle ou telle ligne où vous attendait une parade brutale qui vous meurtrissait le bras. Il avait, par exemple, une façon de marquer le contre de quarte qui vous donnait une irrésistible envie de partir d'un double dégagé dedans, c'est-à-dire de vous jeter dans une parade-riposte qui, non seulement vous valait une touche, mais qui vous laissait le bras endolori pendant tout le reste de l'assaut. Même prévenu, comme je 1'étais, ayant beaucoup travaillé avec le fameux maître livournais, il m'arrivait de m'y laisser prendre, de ne pas résister à la redoutable tentation de ce double dégagé, car savoir ce qu'un escrimeur va exécuter quand on le regarde tirer et quand on est son adversaire sont deux choses très différentes... Le secret était non pas, ainsi qu'on le croyait généralement, dans la dureté de la parade, mais dans la préparation.

Las de toutes ces explications Golitor pris Melissendre à la leçon et lui montra en application quelques uns de ses dires. Ces gestes tant de fois répétés et enseignés prenaient aujourd’hui une toute autre signification. Golitor lui montra des changements de rythme, des angles légèrement différents qui faisaient de ces gestes basics une gêne incroyable. Le maître poussa ses attaques jusqu’au bout, prenant régulièrement l’avantage à chaque fois qu’il arrangeait un nouveau geste. Mais dès qu’il rééditait la passe, Mel ne s’y laissait pas reprendre, signe au combien révélateur que son élève n’était désormais plus une novice. Alors Golitor s’arrêta et salua son adversaire pour engager un combat avec cette fois la volonté de la voir se sublimer…
Revenir en haut Aller en bas
Mélissande
Habitante des lieux
Mélissande


Nombre de messages : 977
Age : 42
Localisation : Argonne
Date d'inscription : 03/07/2006

[1455/02/23, Compiègne] Rencontre Mélissande-Golitor - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: [1455/02/23, Compiègne] Rencontre Mélissande-Golitor   [1455/02/23, Compiègne] Rencontre Mélissande-Golitor - Page 2 Icon_minitimeVen 6 Juil - 20:46

Petitangelot a écrit:
Mélissande écoutait Golitor avec attention, presque avec boulimie. Certes, elle ne retiendrait pas toutes ces bottes célèbres mais l'enseignement était de taille: les meilleurs escrimeurs, les meilleurs tireurs étaient ceux qui avaient du culot et de l'observation. C'est en fins analystes qu'ils apprenaient à amener l'adversaire à la faute ayant le culot de se mettre en position dangereuse... position dangereuse, oui, mais suffisamment controler pour surprendre l'adversaire et le mettre à mal!
Forte de cette leçon, Mélissande ne peut s'empêcher de sourire malicieusement au fur et à mesure qu'elle écoute le maitre d'arme. Joueuse, elle se laisserait surement prendre par le goût de mettre l'adversaire à la faute...

Elle s'était reculé contre un arbre pour s'y appuyer tout en continuant d'écouter Golitor. Lorsque celui-ci termine le gros de son énumération de bottes connues, il lui en montre quelques unes en lui renseignant bien dans quelle situation leur auteur avait appris à les placer. Mélissande était d'esprit suffisamment vif que pour profiter du raisonnement des combinaisons et de les comprendre.
Après avoir décomposé une botte, Golitor l'invitait à quelques échanges pour les placer et prouver leur efficacité. Une fois que la jeune femme ne tombait plus dans le piège, Golitor changeait d'idée et l'amenait à une autre faute... C'est alors à une Mélissande souriante de ce jeu d'essais-erreurs qu'il expliquai ensuite le pourquoi du comment.
Ainsi ils jouent un moment avant que Golitor ne se décide à clore l'apprentissage.
Mélissande le regarde avec curiosité se demandant ce qu'ils allaient faire à présent... Allaient-il rentrer au village? Il commençait à se faire tard certes mais la jeune femme qui resentait tout doucement la fin de son apprentissage approcher ne voulait pas que cette journée se termine.

Golitor s'immobilise alors et la salue pour l'inviter à entamer un combat. Le visage de Mélissande s'illumine, heureuse de pouvoir se mesurer à son professeur. Elle rend le salue puis se met en garde. Ne voulant ni l'un ni l'autre commencer l'échange, il reste un moment immobile, en garde, en se souriant de manière complice. Pendant ce bref instant, Mélissande se disait qu'il serait surement facile au maitre d'arme de la contrer. Iil lui avait tout appris et devait connaitre sur le bout des doigts ses moindres défauts. Pour espérer prendre un peu le dessus, elle devrait donc arrivre à le surprendre. Elle ne savait comment, mais cela serait sa seule chance de pouvoir le toucher.


On verra bien! se dit-elle amusée avant de donner le premier coup d'épée d'un bond en avant. Comme pour tout premier mouvement, le regard change et trahit la première attaque. Golitor n'a donc aucun problème pour suivre et éviter le premier coup. Immédiatement les coups se suivent... tantot plus statiques, tantot plus large les déplacements les amène aux quatre coins de la clairière. Mélissande s'applique. Comme c'était devenu son habitude, elle pince sa lèvre inférieure dans l'effort et la concentration. Une attaque en quarte, une parade suivie d'une contre-attaque... les coups s'enchainent, les fers s'entre-choquent. La jeune femme donne tout ce qu'elle peut mais n'arrive pas à déstabiliser suffisamment Golitor que pour l'atteindre. Elle s'éloigne un instant, juste de deux ou trois pas, baissant sa garde. Elle ne reste cependant pas immobile et tourne par quelques pas croisé lentement autour de Golitor pour ne pas le perdre des yeux. Sérieuse, elle reprend sa respiration, un peu déçue de n'avoir pas encore pu être assez efficace.
Puis son visage change, elle semble plongé dans une profonde réflexion. Son regard semble ne plus rien exprimer, ni crainte, ni énervement, ni amusement. En fait, elle réparcourt toutes les leçons de Golitor. Des bribes d'explications lui reviennent par jet.


Golitor a écrit:
...Le balestra...
...ce sont les jambes de l’épéiste qui fournissent plus de la moitié du travail... gérer la distance...
...insiste bien, le retour du pied arrière en avant, ne replies pas le bras...
...il faut que ça soit explosif, instinctif, tu voies l’ouverture et tu fonces, plus tard, tu n’attendras même plus l’ouverture, tu la provoqueras, tu l’anticiperas…
Tout semble lui repasser dans la tête en quelques secondes. Mais en fait, elle ne rélféchit plus.
Elle reparcourt alors la petite distance qui la séparait de Golitor et réengage le fer. Elle enchaine les coups instinctivement. Le meilleur moyen pour ne pas que l'adversaire puisse prévoir une attaque est de ne pas la connaître soi-même, de réagir instinctivement. Les traits de son visage sont détendus et seul son souffle et les cris d'effort qu'elle pousse parfois en pleine fente trahissent l'effort qu'elle fournit. Parfois jouant avec les obstacles naturels (un arbre à contourner, un tas de feuilles à traverser,...), la jeune femme semble jouer du bras comme un chef d'orchestre une baguette à la main. Golitor la fatigue, il la met à mal. Lui aussi maintenant, attaque franchement obligeant Mélissande à se défendre farouchement.
Des gouttes de sueur perle sur le front de la jeune femme. Arrivera-t-elle a toucher le maitre d'arme?

Revenir en haut Aller en bas
Mélissande
Habitante des lieux
Mélissande


Nombre de messages : 977
Age : 42
Localisation : Argonne
Date d'inscription : 03/07/2006

[1455/02/23, Compiègne] Rencontre Mélissande-Golitor - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: [1455/02/23, Compiègne] Rencontre Mélissande-Golitor   [1455/02/23, Compiègne] Rencontre Mélissande-Golitor - Page 2 Icon_minitimeJeu 12 Juil - 17:12

Golitor a écrit:
Les deux adversaires après s'être longuement jaugés l'un l'autre entames des préparations plus complexes parfois, plus directes d'autres. Golitor à toujours l'avantage, et jamais le petitangelot ne peut attaquer de façon concrète sans se savoir d'avance touchée.

Golitor lui prends plus de risque et s'engage dans ce duel tel un jeune homme joueur et plein d'énergie. Sa garde est pour le moins baroque, seule sa pointe est menaçante mais le bras collé à sa hanche déstabilise Mel. Elle ne peut prendre le fer convenablement et sait que dès qu'elle aura franchit l'extrême limite de la frontière invisible Goli la contrera en un éclaire.

Profitant de l'égarement se son élève d'un coup Goli bondit. Mel en un reflexe inculqué par son instructeur recule précipitamment cherchant seulement à se mettre hors d'atteinte plutôt que de placer une riposte. Précipitée dans sa retraite, Mel a su juger l'essentiel ne pas être touchée. Goli s'arrête promptement laissant Mel s'éloigner bien trop loin le temps de reprendre des appuis vers l'avant.

Le sourire de Golitor est radieux, son élève à su se tirer d'un bien mauvais pas. L'échange reprend de plus belle, les deux bretteurs se testent, se mélangent, s'emmêlent les fers en un balais où désormais Golitor a une cavalière des plus méritante. La puissance et la technique de Golitor lui permettent de porter quelques touches contre les quelles malgré toute sa volonté Mel ne peu éviter, mais tel est le défit que relève Melissende, celui d'affronter un meilleur bretteur et pousser à son zénith son talent, plein de promesses.

La chemise collée à la peau par l'ampleur de l'énergie dépensée sous un soleil désormais couchant, les deux adversaires continuent l'enchainement de leurs passes d'armes, Mel guettant toujours l'éternelle faille dans la garde de Golitor. Puis d'un coup, Goli part dans une série de préparations et de feintes plus alambiquées que véritablement utiles, puis déclenche son attaque sur un juron. A peine lance-t-il son bras pour toucher, il sait qu'il a commis une faute, ses jambes ne sont pas encore parties mais déjà il voit la pointe de Melissende toujours menaçante dans sa septime sous son bras armé, et il est trop tard.

Tout à son étonnement Melissende ne fait que se baisser pour esquiver l'attaque haute de Golitor et garde le bras tendu pour voir son adversaire venir s'y échouer, touché aux côtes.

Cette victoire n'est pas le triomphe tant espéré de Mel... Certes elle est contente d'avoir porté une touche, mais têtue et rageuse, elle veut en être à l'origine et non l'heureuse bénéficiaire.

Golitor comprend cette étrange amertume, car lui-même se savait pris en défaut avant même que Mel ne s'en rende définitivement compte.


le soleil est désormais raz et parfois gênant pour celui qui là dans sa face. Les deux adversaires commencent à marquer le pas, la fatigue malgré eux les gagne. Mel saisit sa chance au vol alors que Goli n'a pas repris de garde franche, elle attaque par deux fois aux avancés, pare et reprend de plus belle en une feinte pied puis tête engageant une débauche d'énergie incroyable. Golitor se voit contraint à reculer et de s'employer pleinement à la parade.

Puis une lueur éclate dans les yeux de Mel... Elle croise son pas pour porter une attaque volontairement à peine trop large pour être dangereuse sentant que Golitor profitera de l'écart pour venir au corps à corps si gênant qu'il affectionne. Son pari est payant, Golitor raccourcit son bras et prend le fer pour s'approcher de son élève et celle-ci le cueille d'un formidable coup de pied sous les genoux.

Golitor surpris tombe au sol, roule et se relève dans l'instant, l'épée parant en quinte l'attaque qu'a déclenchée Melissende vers sa tête. Golitor plus vexé que blessé se remet difficilement de sa sadique élève... Il part alors à l'attaque, et Mel sait d'avance qu'elle va déguster.

Elle part de tous côtés sans jamais pouvoir se mettre en position de placer une riposte tant la vindicte du maitre est grande. Mais Mel teint bon et à chaque attaque que Goli lance, elle y applique la parade idoine.

Puis sur une dernière attaque lancée d'un peu trop loin, Mel voit l'ouverture. Elle s'avance un minimum certaine de sa parade et lance une terrible riposte vers le cœur de Golitor. Celui-ci écarquille les yeux et place de travers sa lame empêchant Mel de toucher, mais déjà il se voit en bien mauvaise posture. Mel pousse son avantage dans sa seconde riposte par une prise de fer sur Goli qui est en retard dans ses gestes.

Mel trouve tout naturellement que doubler sa prise de fer sera le coup parfait. Un seul coup permettrait à Goli de s'esquiver, trois coups qu'il rattrape son demi-temps de retard. Sans vraiment le réfléchir, sa main décrit une double boucle parfaite prenant le fer dans la septime de Golitor, puis l'embarquant dans le sien dans un double contre de sixte. Le coup est limpide... Parfait... à la fin de la boucle la lame de Golitor est neutralisée hors de portée tandis que Melissandre achève sa fente poussée à l'extrême la main bien haute, la bras tendu, la pointe fichée dans l'épaule de Golitor.
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





[1455/02/23, Compiègne] Rencontre Mélissande-Golitor - Page 2 Empty
MessageSujet: Re: [1455/02/23, Compiègne] Rencontre Mélissande-Golitor   [1455/02/23, Compiègne] Rencontre Mélissande-Golitor - Page 2 Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
[1455/02/23, Compiègne] Rencontre Mélissande-Golitor
Revenir en haut 
Page 2 sur 2Aller à la page : Précédent  1, 2

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Relais d'Argonne :: Quartiers de Mélissande :: Dans le fond d'un grand coffre-
Sauter vers: