[1456/01/18, Argonne] A bon chat, bon rat.

18 Janvier de l'an de grâce 1456,

Temps particulièrement sombre. Bruis de volets qui claquent, du bois des charpente qui travaille sous les coups violent du vent.

Seuls un seul grand chandelier à 12 bougies, posé sur la table et le feu qui crépitait dans la cheminée éclairent la pièce de vie. Dans un grand fauteuil de bois placé devant la cheminée, une couverture enroulée autour d'elle, Mélissande observait le mouvement des flammes.
Le balai animé et guilleret des flammes dévorant les buches contrastait avec l'attitude immobile et rêveuse de la jeune femme. Visage indifférent, muscles relachés, respiration soupirante, lassitude sans nom.

Mais trois coups violent sur la porte brise le calme de la pièce. Mel sursaute et se retourne pour fixer la porte qui venait de s'animer.
La jeune femme se lève, les yeux froncé à present d'étonnement. La couverture glisse de ses épaules pour rester sur le siège du fauteuil. Elle s'avance, prend la dague qui attendait dans son fourreau posé sur la table et s'approche de la porte.

Qui va là?

Ton calme mais réservé. Le bruit envahissant de la pluie battante au dehors couvre tout souffle de respiration ou tout signe de présence de derrière la porte.
D'un mouvement net, elle ouvre alors la porte. Apparait dans l'encadrure un drole de pantin, la cape rouge trempée, se tenant le flanc et respirant à grand peine. Un moment d'immobilité chez la jeune femme pour lui laisser le temps de mesurer l'évènement. Cette tenue pourpre... Un bon de près de 5 mois en arrière lui rende l'image d'un Lynx bondissant de sa branche pour la rencontrer.

(Mel s'approche, jète un coup d'œil au dehors pour s'assurer que personne n'était là pour témoigner de la scène puis empoigne le blessé par dessous le bras pour l'emmener à l'intérieur. D'un coup de pied en arrière, elle ferme la porte puis traverse tant bien que mal la pièce avec le blessé titubant pour l'assoir devant le feu dans le fauteuil qu'elle occupait il y a quelques secondes encore. Aucun mot échangés.
Elle ne regarde pas son visage toujours masqué, lui ôte la cape qu'elle laisse tombé sur le sol à coté et commence à lui dévêtir le tronc...)

A rester immobile, le regard perdu sur le masque, à veiller ainsi sur le blessé, Mélissande avait fini par s'assoupir dans un demi-sommeil. Aucun rêve pour elle. Fatigue de se battre, fatigue de rêver, fatigue de vivre plus pour d'autres que pour elle, fatigue tout simplement.
Et puis...

Kraaaakhhhh…

La jeune femme sursaute en même temps que le blessé. Aussi rapidement qu'elle avait réagit, elle se rend compte de l'origine du bruit (la pluie s'abattait toujours bruyamment sur les murs de la maisons)... puis entrevoit la silouette assise du Lynx.
Calme, elle reste silencieuse continue de le regarder. Comment allait-il réagir? Se souvenait-il seulement qu'il était venu jusqu'à elle?
Il porte les mains à son visage. Il semble rassuré d'y sentir encore le masque. Mel ne bouge toujours pas. Aucune émotion particulière sur son visage. Il se recouche puis la regardant... il lui balbutie:

Le Lynx Rouge a écrit:

« Je…veuillez m’excuser…j’ai…un cauchemard… »

Sans prononcer un mot, elle se lève. Elle trouvait cette première phrase un peu légère par rapport à la montagne d'interrogations qui se dressait suite à son apparition. Elle contourne le blessé, s'accroupit près de la cheminée et remet une buche dans l'antre. Elle ne le regarde pas et se relève pour se diriger vers la table, prendre un chiffon propre, reviend près de lui en se plaçant entre lui et le feu. Elle prend le poëlon dans lequel attendait la décoction d'aulne tiède, y trempe le chiffon puis, d'un mouvement sans empressement ni lenteur, fait mine de vouloir baisser un peu la couverture pour atteindre la plaie et la laver par pressions légères.

J'imagine qu'il est difficile de vous demandez l'explication de tout ceci... et quels sont les risques à craindre que l'on vous découvre ici!? se décide-t-elle enfin à dire, sans peur dans la voie (personne ne lui dicterait sa conduite dans sa demeure) ni reproche. Elle voulait tout simplement comprendre et savoir à quoi s'attendre.

Le Lynx regarda sans rien dire la jeune femme faire. A coup sur, cette visite imprévue ne devait pas la ravir. Il lui répondit:

"Vous risquez beaucoup. Vous hébergez un hors la loi dont la tête est mise à prix, que l'on dit sanguinaire et sans pitié aucune. Vous auriez pu m'abattre ou me vendre à la maréchaussée pourtant vous n'en avez rien fait.Votre conduite envers moi est louable."

Il se tut un instant, observant la jeune femme occupée à le soigner. Il se demandait sans bien comprendre ce qui l'avait poussé à l'épargner.

"Si vous le désirez, je puis partir céans, ma venue ici ne peut que vous causer des ennuis."

A vrai dire il se demandait bien s'il pourrait faire trois pas. Il se sentait faible et las.

"Savez vous si Dame Quasi est à Argonne ? il me faut la voir de toute urgence..."

Le Lynx lança à la jeune femme courroucée une moue qui semblait à la fois sourire narquois et rictus de douleur.

"Que vous le vouliez ou non, passé, présent et avenir de votre amie y sont déjà mêlés. Mais elle sera sans doute plus en sécurité une fois qu'elle sera au courant de ce que je me dois de lui révéler qu'à l'heure présente. Actuellement, elle risque tout simplement la prison pour avoir garder le secret de mon identité à ceux qui me traquent.Voir la mort."

Il approcha son visage masqué de celui de la jeune femme. Son flanc le faisait souffrir violemment. Il agrippa le poignet de Melissande. Sa voix se fit plus grave et pressante.

"Vous aimez votre amie... alors je vous conjure de la retrouver au plus vite et de lui intimer de venir céans. Il y va de sa sauvegarde."

Il relâcha son étreinte et retomba sur son lit épuisé. Le moindre effort lui était difficile. Assurément ce satané garde ne l'avait pas raté.

"Il y va de sa sauvegarde...",reprit il en un soupir,"comme de celle d'un rôdeur qui vous est cher. Les murs des monastères sont bien peu de défense face à la colère des puissants..."

Il lança à Melissande un regard entendu.

Humeur qui s'assombrit franchement. Le poignet aggripé.

En d'autres circonstances, elle se serait défait de l'emprise avec vigueur. Face à l'homme blessé et masqué, elle n'en fait rien.

Lynx Rouge a écrit:

"Vous aimez votre amie... alors je vous conjure de la retrouver au plus vite et de lui intimer de venir céans. Il y va de sa sauvegarde.

Il y va de sa sauvegarde... comme de celle d'un rôdeur qui vous est cher. Les murs des monastères sont bien peu de défense face à la colère des puissants..."[/i]

Sourcils qui se froncent à l'énoncé des graves menaces... Un pas de recul accompagné d'un regard douloureusement surpris de la référence au rôdeur et au court idylle qu'ils avaient partagé.

Je vous interdits de...

Ton menaçant, mots qui grondent entre les dents serrées de rage. Quasi, amie de toujours! Elloyan, amant qui l'avait séduite... derrière un masque!
Le sang boue à nouveau dans ses veines. Fureur contre ce qui pourrait arriver à ceux-là. Elle lance un regard sur le rack, accroché sur le haut de la cheminée et qui servait de support à trois épées toutes très différentes. Finalement, elle s'en détourne, se contente de prendre la dague et de la glisser dans le fourreau de sa ceinture. Sa cape passée sur ses épaules, le tricorne enfoncé sur sa tête, elle quitte sa maison sans rien dire de plus au Lynx. En partant, elle ferme la porte à double tour derrière elle puis s'éloigne.

Quasi était chez elle quand son amie arriva. L'Ange semblait tendue, pressée. Elle ne lui dit que quelques phrases brèves et concises. Un homme, portant un masque, blessé, chez elle, voulant la voir.

Il n'en fallait pas plus à Quasi pour comprendre de qui il s'agissait. Il était blessé...Elle le savait, un morceau de papier ensanglanté lui étant parvenu. Elle s'était inquietée pour lui, tremblante à l'idée qu'il puisse souffrir. Mais heure après heure, tourments après tourments, voyant la vie de Manou en danger, voyant Varden être trahi, voyant ses propres valeurs bafouées elle s'était surprise à lui en vouloir. Les jours agités qu'avaient connu la Champagne n'avaient fait que la renforcer dans sa colère.

Malgrè cela, elle devait le voir, au moins pour lui dire ce qu'elle ressentait, combien il lui avait fait mal.

L'Ange l'avait conduite dans sa demeure. Elle s'y était rendue par le passé pour y voir Archange et Courage, son cheval et celui de Bernard. Mais après le départ de l'Ange, Quasi n'était plus revenue aux écuries.

Aujourd'hui, devant la porte avec l'Ange, Quasi hésitait encore. Mais comment ne pas entrer sans expliquer les raisons de son refus? impossible. Et elle avait compris que l'Ange ne connaissait pas l'identité de l'homme qui lui avait remis sa vie entre les mains. Elle devait donc entrer, le voir une dernière fois.


Elle entra et le vit immediatement , allongé , blessé, du sang séché sur ses horribles vêtements qu'elle detestait.

L'Ange s'était éloignée un peu d'eux. Quasi s'approcha de lui, se placant entre lui et le regard de l'Ange. Ce masque l'horrifiait mais elle ne voulait ni mettre en danger l'Ange ni lui, en le lui otant.

Elle s'approcha de son oreille (pointue?) et murmura:

comment te sens tu?


[mourant en taverne????ah lala y'as plus de jeunesse!!!]

Le Lynx ouvrit les yeux. Quasi était venue. Il lui sourit.

« Je vais bien, merci. Melissande connaît les secrets de l’art de guérir comme personne et n’a rien à envier à nos doctes savants de l’université. »

Il se redressa sur le lit. Sa douleur restait vive et le moindre effort lui était difficile. Il observa la jeune femme et tendit sa main pour caresser son visage. Elle était d’autant plus belle qu’elle était en colère.

« Tu m’en veux, n’est ce pas ? »

Le silence de la jeune femme suffit à lui faire comprendre.

« M’as-tu jamais vraiment aimé ? » dit il en un soupir.

Il s’affaissa sur le lit. Parfois, le Lynx se demandait s’il n’était pas victime d’une farce grotesque, si les gens en qui il croyait pouvoir avoir confiance ne le trompaient pas constamment. L’hésitation dont Quasi avait fait preuve avant que leurs chemins ne se quittent à Reims l’avait irrité. Son indulgence voire sa faiblesse pour son rival l’avait poussé à agir. Il avait tout fait pour effacer ses erreurs. Il avait joué avec un feu qui sentait le souffre. Peut être cela avait il été folie ? Tant pis, il avait agi par amour, tout simplement.

« Je…J’ai… »

Il ne trouvait plus les mots justes qui auraient convenu pour une telle situation. Comment lui annoncer ce qu’il brulait de lui dire? Le regard sévère de Quasi lui déconseillait d’en dire plus pour le moment. A coup sur, elle voulait lui ouvrir son cœur à vif.

« Dis moi. Dis moi ce que tu as sur le cœur, mon ange. Je t’expliquerai tout après… »

[au contraire, la jeunesse existe et voila bien la preuve de sa robustesse.
A vrai dire, le temps RP n’est pas celui IRL (les enfants qui prennent un an en un mois, les Ducs qui ne règnent que 2 mois, les RPS qui durent sur plusieurs semaines. Bref ig nous sommes deja une, si ce n’est deux semaines après mon retour à Argonne étant donné la fléxibilité de ce temps distordu…assez de temps pour que je puisse traîner ma carcasse jusqu'à la plus proche auberge…je laisse le médecin statué !]]

Au son de sa voix, Quasi tremblait. Cet homme était dans sa vie et dans son coeur. Elle voulait l'en chasser mais elle comprenait que cela était impossible. Elle souffrait avec lui à chacun de ses mouvements si douloureux.

Tu m'en veux n'est ce pas? lui demandait il

Elle aurait voulu lui répondre, oui je t'en veux d'avoir mis ta vie en danger, oui je t'en veux d'avoir conduit ,sans le vouloir je veux croire, Manou à l'exil, oui je t'en veux d'avoir rejoint cette femme que tu disais haïr, d'avoir pactisé avec elle et les siens.

Quasi s'approcha du visage de celui qui avait tenu sa main et son coeur. de celui avec qui elle avait songé à partir un jour malgrè tout ce qui la retenait en Argonne.

Son corps faisant écran entre le Lynx et l'Ange, elle souleva lentement son masque pour voir ses yeux. Elle lui caressa la joue tendrement.
Elle ne comprenait pas pourquoi il avait agit ainsi, lui avec qui elle avait partagé tant d'espoir d'une vie meilleure.

Se penchant au plus près de lui elle murmura:

Pourquoi...pourquoi t'être joint à elle? Pourquoi ne rien me dire? n'as tu donc jamais eu confiance en moi? M'as tu menti jour après jour, semaines après semaines sur tes idées, sur tes sentiments? Pourquoi as tu mis Manou en danger? Tu savais que San A est son pire ennemi. Lui sur le trône ducal, Manou était morte. Je sais que je t'ai fait du mal, que je ne mérite pas ce que tu m'as offert mais mettre ta vie et celle d'autres en danger....tu aurais du me tuer avant plutot que me faire tant souffrir.

Quasi caressa son visage une fois encore et lui remis son horrible masque. Ses jambes n'arrivaient plus à la soutenir et elle ne savait si elle pourrait protéger son identité face à l'Ange. Elle regardait ses yeux derrière le masque et n'arrivait pas à voir un autre que lui. Ce Lynx, elle ne le connaissait pas, mais lui , elle connaissait son coeur et ne le comprenait plus. Varden avait certainement raison. Elle ne méritait pas d'être aimé. Chacun d'eux l'avait trahit. Elle savait pourquoi Varden l'avait fait , mais lui, couché là et blessé, elle ne savait pourquoi.

Ses jambes tremblaient tant que Quasi s'effondra.

"Quasi !"

Le Lynx se pencha à grand peine pour venir à l'aide de la jeune femme qui venait de choir. Il attendit qu'elle se soit remise de son émois et qu'elle se soit assise dans un des fauteuils pour lui répondre.

"Allons, ne t'en fais plus mon ange tout est fini. Je vais tout t'expliquer."

Il posa son regard sur Quasi, puis sur Melissande. Ce qui allait être dit devait être gardé secret mais il faisait confiance à Quasi et la conduite généreuse de Melissande envers suffisait amplement à ce qu'il lui accordat également.

"Je n'ai pu éviter de participer à cette révolte. J'avais donné ma parole. Une parole est une parole. Lors de ma dernière visite à Reims pour récupérer ces maudites lettres, j'ai perdu un objet qui a permis à cette garce d'Avize de retrouver ma trace et de découvrir mon identité. La veille du jour où nous devions partir pour Compiègne (Clermont ?) tous les deux, elle est venu me trouver à mon logis. Le Lynx était pris au piège comme un rat. Ylalang ne désirait pas ma mort. Usant de mon identité fallacieuse, j'avais réussi à obtenir mes entrées les mois passé chez bon nombre des notables du Duché et elle avait des projets quant à mon sort autre que celui de m'abattre. Le Lynx ferait un homme de main idéal. Elle me proposait une année de service sous ses ordres en échange de l'abandon des poursuites judiciaires à mon encontre. Je refusais. Mon honneur en aurait été souillé à jamais.

Mais cette satanée femme usa contre ma volonté d'un argument bien plus convainquant. Un an de servitude aveugle sous ses ordres en l'échange de sa promesse de ne pas toucher un seul cheveux des deux personnes qui connaissaient alors mon identité: Elloyan le rodeur et Quasi d'Argonne. Elle était catégorique: pour ne pas m'avoir dénoncé, vous risquiez tous deux très cher. Je ne sais comment cette diablesse était au courant de cela mais je jure que lorsqu'elle m'a proposé l'odieux marchandage, je me serai jeter sur elle pour l'égorger si ses gardes ne m'en avait retenu. Je ne pouvais refusé. Je vous avais mis en danger par ma folie, il me fallait réparer tout cela.La suite tu la connais, je t'ai quitté pour rejoindre Reims et accomplir mon premier forfait en son nom.

Un an de vie pour la sécurité de deux autres.

Pour toi mon aimée."

Il se tut. Il avait tout fait. Il avait tout dit. Avait il tout perdu ?

L'Ange avait crié. Quasi savait combien elle était droite et honnête.Mais elle ne pouvait comprendre ce qui habitait son hôte.Il était si different des autres..un jour elle le lui expliquerait, peut être.

L'Ange l'avait aidé a s'assoir et a s'apaiser.


Quasi assimilait difficilement toutes les informations. Elle était effondrée. Lui si brillant, si sur de lui, si fier, s’était laissé posséder par cette femme . Le croire…oui elle voulait le croire malgré ce qu’elle savait de l’attrait qu’avait Yla pour lui. Elle voulait croire qu’il avait agit par amour et amitié. Mais tout était dur à entendre. Les larmes coulaient sur son visage alors qu’elle entendait les mots du blessé.
Si l’Ange avait été là ces derniers mois elle aurait compris qui était le Lynx, sachant combien Quasi lui avait été attachée. Quand il avait parlé d’Ello, son ami, son âme sœur, elle pensa à la lettre qui ne la quittait jamais. Celle du monastère qui lui expliquait que la maladie et la tristesse avaient emporté son ami. Elle devait le dire à l’Ange mais n’en avait pas trouvé le courage jusque là.

Il parlait, il expliquait son geste, il avouait sa faiblesse. Elle était sa faiblesse, elle s’en rendait compte.

Quasi chercha des yeux de quoi essuyer son visage.

L’Ange était derrière eux, toujours là pour la protéger et s’occuper de son blessé. Elles avaient vécu nombres de choses ensembles, partagé une amitié que même leur amour pour le même homme n’avait pas détruit. Quasi devait lui dire ce qui était arrivé à Ello. Ensuite elle pourrait libérer celui qu’elle avait mené à sa perte de la promesse qu’il avait fait. Il n’y a point de parole avec des gens tels Yla et sa clique. Il la reprendrait, il devait rester libre, comme Quasi l’aimait.

Elle se leva, les jambes flageolantes, et s’approcha de son amie.

L’ange..je ne sais comment vous dire cela sans vous faire souffrir mais…j’ai reçu il y a quelques jours une missive du monastère…

Quasi retira le pli qu’elle gardait dans son corsage (et alors !!!) et le remis à son amie

Citation :

Dame Quasi,

C’est avec chagrin que je me dois de vous écrire. Votre ami, Messire Elloyan, a été rappelé auprès du Très Haut en ce jour de janvier.La maladie fût l'une des causes qui le poussa à ne pas lutter contre les desseins de notre Seigneur. Aristote dans Sa grande bonté l’a voulu à ses cotés. Un office a été célébré au sein du monastère. Vous pourrez venir vous recueillir quand vous le souhaiterez.

En vous apportant tout mon soutien,

Le Père Mac Hinchose.

Pendant que l’Ange lisait la courte missive, Quasi retourna auprès de celui pour qui l’avait fait rêver en lui contant son pays, ses légendes.

S’approchant de son visage , elle prit la parole d’une voix chevrotante.

Tu aurais du m’en parler tu sais, me faire confiance. Je te demande pardon de t’avoir mis dans une telle situation. Je ne pourrai jamais supporter l’idée que tu sois aliéné à cette sorcière, comme tu l’appelais. Je vais te donner les atouts qui te permettront de te dédire de cette promesse qui n’en est pas une. Ce n’est qu’un vulgaire chantage à l’image de cette femme et de ses comparses.

Quasi lui prit la main, la serrant dans la sienne.

Elloyan est…il est…

Quasi éclata en sanglot , les mots si cruels ne voulant sortir de sa bouche. Elle prit une forte inspiration pour se calmer et continua

Ello est…Ello n’est plus. La vie l’a quitté et il a rejoint le Très Haut.

Tu n’as donc plus à le protéger.

Quant à moi, ma vie m’importe peu, plus aujourd’hui.

Je sais que cela ne t’arrêtera pas alors je vais faire la seule chose contre laquelle cette femme ne pourra plus rien.

Quasi le regardait. Elle aurait aimé voir dans ses yeux toute la chaleur de son regard. C’était un passionné, aimant la vie, se battant pour ses idées. Mes ses désirs l’avaient conduit à devoir courber l’échine. Quasi ne pouvait le supporter. Il devait être et rester celui qu’elle connaissait.

Je quitterai la Champagne, elle ne pourra plus rien contre moi. Je veux que tu reprennes ta parole, je veux te savoir libre de vivre et de te battre pour ce que tu désires. Cette parole donnée t’a été volée. Tu dois la reprendre.

Je partirai, tu seras libre.

Quasi avait tant parlé qu’elle devait se rasseoir pour garder une contenance, ne pas fléchir.

Le Lynx se tut. Le poids de sa responsabilité dans cette tragédie lui imposait de n’ajouter mot. Il était prêt à recevoir les amers reproches que sa révélation provoquerait immanquablement. Ce fut Melissande qui rompit le silence la première. Ses mots étaient cinglants et acerbes, d’autant plus douloureux qu’ils étaient justes. Seul l’évocation de son manque de courage le fit frémir. Souvent il avait agi avec témérité sans peser les conséquences désastreuses que pouvaient avoir ses actes, il ne vivait autrement que dans l’instant présent, guidé par l’instinct et ses passions sans prendre garde à l’avenir, souvent il avait agi inconsciemment, stupidement…mais jamais il ne s’était laissé guidé par la couardise et il avait peine à entendre que l'on remit en cause sa bravoure. Il s’abstint toute fois de répondre à l’affront, cela n’eut été d’aucune utilité.

Puis Quasi parla à son tour et ses mots lui firent l’effet d’un coup de grâce.

Il apprenait non seulement qu’elle allait le quitter mais aussi qu’Elloyan était décédé.

Il avait eu bien peu de temps pour faire connaissance avec le rôdeur et pourtant ce peu de temps avait été suffisant pour que le Lynx se lie avec lui d’une amitié sincère et virile. Le rôdeur avait été de son vivant un de ces hommes qui vous inspirent un profond respect dès les premiers mots échangés, il s’était tenu tout au long de sa courte existence loin des puissants et des courtisans serviles, loin aussi des gueux qui à force de se complaire dans la paresse et le misérabilisme ne voient que malheur et injustice dans les moindres choses, bref, il avait su trouver cette voie médiane faite de simplicité et de noblesse qui seule permet à l’homme de vivre libre et debout. Cette voie, il avait sans doute espéré que son Duché la suivrait de même…mieux valait peut être qu’il se fut éteint plutôt que d’assister au tragique spectacle de la décrépitude de la Champagne sous les coups de querelles inextinguibles. Quoiqu’il en fut, la Champagne venait de perdre avec lui l’un des derniers représentants de cette race d’homme qui avait compris un peu plus que leurs pairs le douloureux et pourtant si riche mystère de l’existence humaine.

« La mer… » pensa le Lynx, « Je t’avais pourtant prévenu, vieux roublard de rôdeur que sa vue te serait fatal… qu’elle nous serait fatale à tous… »

Suivit un long silence durant lequel ils restèrent tous trois prostrés.

Ce fut le Lynx qui y mit fin le premier.

« Dés que j’aurai repris assez de forces pour me lever, je partirai loin. Si vraiment tu m’aimes ma Quasi alors tu resteras à Argonne. Tu aimes cette ville et tu y connais plus de monde que moi. Je ne suis rien de plus qu’un étranger ici. Je partirai remplir ma tâche, je ne saurai trahir ma parole et ta sécurité sera garantie de la sorte. Attends moi à Argonne. Je reviendrai lorsque le Lynx sera mort. Promets moi d’y être heureuse mon amour, ou du moins promets moi que tu tenteras tout pour l’être. »

Pendant le bref silence qui suit les mots de Quasi, le vent et la pluie déchainaient leur force à l'image des tourments qui blessaient les trois âmes.

Lorsque le Lynx reprend la parole, les mots cinglent aux oreilles de la louve. D'un ton calme mais froidement pinçant, elle s'adresse à ses deux "hôtes", tout en restant en partie de dos au dessus de la table, se reservant un verre.

Vous n'avez rien compris! Parce que vous croyez que c'est en partant que vous pourrez offrir du bonheur à l'autre?
Vous vous aimez... Jamais vous ne pourrez vivre quelque instant de bien-être en sachant que l'autre s'est sacrifié! Haussement de ton. Jamais!

Elle poigne dans son verre, l'approche de sa bouche. Arrête son geste un instant juste avant d'y poser les lèvres... avant finalement d'en boire une grosse gorgée et de le reposer.

Soit vous vous aimez vraiment et vous vous battez ensemble... même si cela tourne mal, vous aurez vécu pleinement votre amour!
Soit vous choisissez de vous séparer... et même si vous vous retrouvez, faudrait-il encore que ce soit le cas, rien ne sera plus comme avant! Vous aurez trop souffert que pour continuer de profiter de la vie ou pardonner à l'autre!

Elle était loin d'être un exemple en terme de vie amoureuse... mais elle avait suffisamment souffert que pour comprendre ça! Elle s'assoit alors sur la chaise qui était derrière elle. Sans adresser un regard au couple, elle fixe vaguement la flamme des bougies qui ondulaient sur le chandelier posé sur la table.

Quasi avait sursauté quand la voix de l'Ange se fit entendre. Elle avait raison, Quasi le savait. Loin de lui elle ne serait jamais heureuse. A ses cotès elle continuerait à le mettre en danger. Cette femme ne s'arreterait pas là.

Les mots raisonnaient encore et encore:

Citation :

Je partirai remplir ma tâche, je ne saurai trahir ma parole

Elle ne voulait pas penser que cette phrase puisse avoir un autre sens. Qu'il ne veuille pas se détacher de celle qui le rendait fou de désir autant que de haine.

Se battre ensemble...L'Ange avait raison mais comment dire à son amour ce qui allait lui arriver. Cette femme et ses amis allaient la mettre en procès, elle perdrait son droit d'exercer, son droit d'être ou de devenir quelqu'un.

Quasi avait repris la main du Lynx dans la sienne. Elle la serrait, elle avait si peur de le perdre.

Mon bel Av...

Quasi réalisa que l'Ange ne devait pas savoir. Elle aussi serait en danger et le Lynx aurait la responsabilité d'une vie supplémentaire.


Mon beau, mon fier, je ne peux t'imaginer asservit. Sauf si tel était ton choix....

.

Quasi se souvint de ce qu'il lui avait raconté. Il venait la rejoindre, la demander en mariage et ..il avait croisé le regard de Yla...et il avait oublié Quasi, devenant fou de cette femme. La suite l'avait conduit ici, allongé, amoindrit, mais si fort encore que Quasi ne pouvait s'imaginer le voir servir la sorcière.

Je ne te laisserai pas quitter Argonne, jamais. Ensemble nous lutterons!

(vraiment dsl mais peu d'accès au pc en ce moment..)

(voila j'ai de nouveau le net et la santé^^)

[Edit de l'Ange: Et cela est tant mieux (surtout pour la santé )! ]

Le lynx était faible mais Quasi voulait le garder chez elle desormais. Il n'etait pas en état de s'y opposer. Quasi craignait autant pour lui que pour la sécurité de l'Ange.


lui tenant toujours la main, Quasi dit au blessé:

Si l'Ange est d'accord, nous allons te transporter discrètement chez moi.

Le sentant s'agiter, elle ajouta:

Ne dis rien, tu dois te reposer et ici c'est trop dangereux, pour nous tous.

Je ne veux plus être séparé de toi mon amour, plus jamais.

Quasi posa délicatement ses lèvres sur celles de celui pour qui elle craignait tant.

Se tournant vers son amie , elle demanda:

L'ange...je sais tout ce que vous avez fait jusque là, mon amie et pourtant je vais vous en demander encore..

Pouvons nous le transporter chez moi sans danger?